Les évènements de 1998


Des évènements sans précédent

Pendant quelques heures au cours de la journée du 29 juin 1998, la falaise du Prégentil a été affectée par des chutes de matériaux isolés, signes avant-coureur de l’évènement qui allait se produire dans l’après-midi. C’est vers 15h qu’a eu lieu l’éboulement le plus impressionnant qu’ait connu la commune de Bourg d’Oisans au cours du 20e siècle, non pas à cause du volume de matériaux concernés, mais du fait des conséquences du phénomène.

En effet, trois éboulements successifs avaient le 22 janvier 1998 mobilisé plus de 230 000 m³ de matériaux, mais la présence d’environ 30cm de neige au sol a eu pour effet d’amortir la première chute des blocs et aussi de favoriser leur propagation relativement loin vers l’aval ; les deux autres, de hauteur moyenne, ont entraîné la formation d’un petit nuage de poussière, qui avait plus surpris qu’affolé la population.

Le 29 juin suivant, en revanche, 60 à 70 000 m³ de matériaux se sont décrochés de la paroi pour effectuer une chute de près de 200 m avant de venir s’écraser dans le lit du torrent, entraînant la formation d’un nuage de poussière très dense qui a recouvert une partie de l’agglomération, la plongeant dans l’obscurité pendant plusieurs minutes (Photo 5). A priori sans danger, ce phénomène a pourtant provoqué la panique d’une partie de la population, qui ne s’attendait pas à un tel évènement et qui ne savait comment réagir.

Immédiatement après le retrait du nuage, la décision a été prise de faire évacuer les bâtiments situés en-dessous de la falaise, à savoir le collège, l’école primaire, la crèche et quelques habitations. Heureusement, compte-tenu de la période de l’année, les établissements scolaires ne comptaient pas l’ensemble des élèves, ce qui a évité un surcroît de panique au sein de la population. Le soir même, un plan d’évacuation concernant 150 personnes résidant en aval du Prégentil a été mis en place afin de pouvoir réagir immédiatement en cas de nouvel éboulement. Effectivement, près de 40 000 m³ de matériaux se sont encore décrochés de la paroi dans la soirée du lendemain, mais cette fois sans qu’il n’y ait eu de conséquences pour la population.


La prise de conscience du risque

L’évènement de janvier avait aussitôt incité les autorités (préfet et maire) à demander au service départemental de Restauration des Terrains en Montagne de concevoir et mettre en œuvre très rapidement un projet global de protection, d’autant que les archives rappelaient que plusieurs crues torrentielles avec de très importants transports solides avaient suivi les deux phénomènes similaires recensés (hiver 1699-1700 ; 27 mars 1965). Parallèlement, dans l’attente des résultats des études de risques lancées par le service RTM, des dispositions spécifiques étaient prises par l’Etat et la mairie : plan d’évacuation en cas de crue torrentielle, blocage de toute nouvelle construction sur le cône torrentiel.

La préoccupante lave torrentielle du 4 juin précédait de quelques jours l’ouverture des plis relatifs à une première tranche de travaux concernant les risque torrentiel et avalancheux (compte tenu de la modification des trajectoires de celles-ci induites par le rehaussement du talweg) ainsi que partiellement le risque d’éboulement. Compte tenu de leur impact psychologique (lié notamment à la survenance non anticipée du nuage de poussières), les éboulements des 29 et 30 juin ont amené le préfet et le maire à demander la réalisation pour l’automne d’une phase complémentaire de protection relative aux chutes de blocs, les études correspondantes s’achevant alors. Cette préoccupation de sécurité était également prise en compte avec l’adaptation du Plan communal de Secours, la fermeture ou la mise en place de plans d’information et d’évacuation pour les terrains de camping directement concernés ainsi que la mise en œuvre d’un PPMS, comme demandé par des professeurs du collège des Six Vallées, qui ne voulaient pas reprendre les cours en septembre sans être informés de la nature des risques que présentait la falaise et tant que des mesures n’étaient pas prises pour gérer la situation en cas d’évènement semblable à celui de juin 1998.

S’il était impossible d’intervenir contre la formation d’un nuage de poussière, protéger les habitations des chutes de blocs et des laves torrentielles était en revanche devenu une priorité.
   
 

 
 


 

 

 

 Photo 5 - Nuage de poussière au-dessus de Bourg d'Oisans le 29 juin 1998
Photo 5 - Nuage de poussière au-dessus de Bourg d'Oisans le 29 juin 1998



 
 Photo 6 - Front des éboulements de juin 1998, encore en place dans le lit du torrent de Saint-Antoine
Photo 6 - Front des éboulements de juin 1998, encore en place dans le lit du torrent de Saint-Antoine



 
 Photo 7 - Lave torrentielle dans le lit du torrent de Saint-Antoine
Photo 7 - Lave torrentielle dans le lit du torrent de Saint-Antoine



 

 
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