L'évolution menaçante du lit du torrent


Les conséquences des éboulements

Lorsque des blocs rocheux se décrochent de la falaise, ils peuvent se fragmenter lors des impacts contre la paroi, le sol ou entre eux. La complexité à gérer le risque d’éboulement tient du fait que les éléments évoluent de manières différentes selon leur taille, leur forme, la pente ou encore la dureté du sol (ils peuvent rouler et / ou rebondir, sur des distances variables). En cas de chutes de blocs isolés, les matériaux se déposent de façon aléatoire dans le chenal d’écoulement, sans avoir de conséquence significative sur sa morphologie.

Les éboulements peuvent en revanche avoir deux conséquences sur le lit du torrent :

- les blocs en mouvement peuvent avoir pour effet d’affouiller le fond du lit ou de saper les berges ;

- lorsque les matériaux se déposent de façon groupée, ils contribuent soit à rehausser le niveau du lit (les éboulements de juin 1998, par exemple, ont rehaussé le lit de dix mètres sur une partie du chenal d’écoulement), soit à niveler la surface d’écoulement s’ils viennent combler des ravines.

Dans les deux cas, les éboulements contribuent à modifier le tracé des écoulements.


Les conséquences des laves torrentielles

Les laves torrentielles et le charriage entraînent les mêmes transformations du lit que les éboulements, car :

- sur une forte pente, l’écoulement s’accélère et a tendance à affouiller le fond du lit et les berges, ayant pour effet de creuser davantage les ravines existantes (ou d’en créer de nouvelles si les précédentes avaient auparavant été comblées), entraînant ainsi un affaissement du lit par endroits ;

- sur une pente douce ou une surface plane, l’écoulement ralentit et s’étale, ce qui génère un dépôt de matériaux, contribuant à rehausser le lit (Photo 17). Ce dépôt se fait notamment sous forme de bourrelets latéraux (Photo 14), constitués d’un amas de blocs et de cailloux consolidé par les éléments les plus fins (comme la terre, qui cimente l’ensemble en s’asséchant), qui donnent naissance à de nouveaux chenaux d’écoulement (Photo 15).


Les impacts de l’évolution du lit sur les risques naturels

Les aménagements de protection mis en place sur le site n’empêchent pas le lit du torrent de Saint-Antoine de poursuivre son évolution naturelle, déterminée par les éboulements et les écoulements (torrentiels et d’eau claire liés aux précipitations, qui accentuent le ravinement). La morphologie du lit peut ainsi se modifier très rapidement, ce qui n’est pas sans conséquences sur les risques encourus par la population.

Ainsi, les rehaussements liés à l’évolution naturelle du lit constituent aujourd’hui le principal facteur de risque pour les habitants de Bourg d’Oisans présents sur le cône de déjection. Les aménagements ont en effet été dimensionnés en prenant en compte une certaine hauteur du fond du lit : si l’écart entre celui-ci et le haut des ouvrages diminue (en cas de rehaussement du chenal), cela réduit leur efficacité.

La Société Alpine de Géotechnique a réalisé des études simulant des éboulements sur le cirque de Saint-Antoine, afin d’étudier la trajectoire et la propagation de blocs dans plusieurs situations. Il en est ressorti qu’un comblement du lit au niveau de la digue (suite à un éboulement dégageant un volume important de matériaux) constituerait un tremplin pour les blocs arrivant à grande vitesse, qui pourraient ainsi passer par-dessus la digue pour venir se déposer au niveau de la route communale située en aval du torrent, et bordée de quelques habitations. En outre, les blocs peuvent parcourir une plus grande distance dans ces conditions qu’en l’absence de digue. Le principe est le même pour les écoulements torrentiels, puisque ceux-ci atteindraient plus facilement le haut des ouvrages si la surface était rehaussée, ce qui entraînerait leur débordement.

Le surcreusement du lit dans sa gorge constitue également un danger puisque les matériaux arrachés sont pris en charge par les écoulements. Une importante charge solide maximise les chances de voir se former des laves torrentielles, même en cas de précipitations peu intenses. En 1999, plusieurs laves se sont formées dans le lit du torrent de Saint-Antoine dans ces conditions (précipitations relativement faibles les jours précédant l’évènement).
   
 

 
 


 

 

 

 Photo 14 - Bourrelet latéral en rive droite du lit du torrent de Saint-Antoine, témoin du passage d’une lave torrentielle
Photo 14 - Bourrelet latéral en rive droite du lit du torrent de Saint-Antoine, témoin du passage d’une lave torrentielle



 
 Photo 15 - Chenal d’écoulement délimité par deux bourrelets latéraux
Photo 15 - Chenal d’écoulement délimité par deux bourrelets latéraux



 
 Photo 16 - Ravine née de l’affouillement intense du fond du lit et élargie par les	eaux de ruissellement concentré
Photo 16 - Ravine née de l’affouillement intense du fond du lit et élargie par les eaux de ruissellement concentré



 
 Photo 17 - Amas de matériaux rocheux surélevant le niveau du lit du torrent de Saint-Antoine
Photo 17 - Amas de matériaux rocheux surélevant le niveau du lit du torrent de Saint-Antoine



 
 Photo 18 - Seuil en béton enseveli sous  des matériaux rocheux
Photo 18 - Seuil en béton enseveli sous des matériaux rocheux



 

 
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