Après l’éboulement… l’inondation ?


Le scénario catastrophe envisagé précédemment

On a longtemps redouté un éboulement rapide de l’ensemble de la zone frontale. Ce scénario était envisagé dans une période de pluies importantes, elles-mêmes susceptibles de générer une crue de la Romanche. Dans ces conditions, les 3 millions de m³ de rochers seraient venus bloquer le cours de la rivière et l’accumulation des eaux aurait pu faire céder le barrage brusquement, provoquant le déferlement d’une vague dévastatrice dans la vallée.

Dévastatrice car elle aurait balayé plusieurs localités (notamment le centre-ville de Vizille), mais aussi parce que les eaux auraient pu atteindre les plate-forme chimiques de Jarrie et de Pont de Claix et entraîner un accident technologique majeur.

A la lumière des dernières études réalisées par le SYMBHI, ce scénario n’apparaît plus d’actualité : le risque a été largement minimisé.


Le risque inondation réévalué

Plusieurs paramètres ont été réévalués à la baisse :
  • la probabilité de formation d’un barrage et sa capacité de stockage,
  • le débit de la Romanche en crue centennale (crue de référence),
  • la vitesse de rupture du barrage,
  • les probabilités de concomitance éboulement de masse / crue centennale.


La probabilité de formation d’un barrage et sa capacité de stockage


Bien que peu probable, c’est l’hypothèse d’un éboulement monophasé qui a été retenue pour étudier les conséquences potentielles d’un amas d’éboulis en fond de vallée sur l’écoulement de la Romanche.

Les résultats ont montré qu’aucun barrage ne viendrait se constituer en cas d’événement n’excédant pas 2 millions de m³. Pour un éboulement de 3 millions de m³, un barrage de 6 m de haut se formerait effectivement (jusqu’à la cote 336 m), mais sa capacité de stockage (200 000 m³) ne serait pas significative.


Le débit de la Romanche en crue centennale (crue de référence)


La première estimation ne tenait pas compte de la réduction de débit en période de crue liée à la fois :
  • au stockage des eaux par le barrage du Verney ;
  • au refoulement des eaux dans deux affluents de la Romanche, la Sarenne et la Rive ;
  • à l’étalement des eaux dans la plaine de Bourg d’Oisans du fait de surverses (les débordements surviennent dès la crue trentennale), voire d’éventuelles formations de brèches dans les digues.

En considérant le phénomène d’écrêtement naturel de la crue, le débit centennal de la Romanche est ramené à 548 m³/s à la hauteur des Ruines de Séchilienne, contre 880 m³/s selon les premières estimations. Le débit cinq-centennal est quant à lui évalué à 730 m³/s, le débit millénal à 893 m³/s (d’après les travaux menés par le bureau d’étude Hydrétudes).


Période de retour et crue de référence

La période de retour d’un phénomène caractérise à la fois sa fréquence et son intensité : plus un événement est destructeur, plus il est rare et inversement.

La crue de référence correspond à la plus grande crue survenue à un endroit donné. C’est par rapport à ses valeurs de débit et de hauteur d’eau que sont étudiées les mesures de prévention (délimitation des zones inondables, calibrage des ouvrages de protection etc.).

La plupart du temps, la crue de référence est la crue centennale (période de retour : 100 ans), c’est-à-dire qui a une chance sur 100 de se produire chaque année, ou encore qui survient en moyenne tous les 100 ans.


Ces valeurs ne sont toutefois envisageables qu’en l’absence de modification des aménagements hydrauliques actuels en amont des Ruines et, même dans ces conditions, elles peuvent différer avec la réalité des faits en raison d’un certain manque de précision des données d’apports hydriques et d’écoulements utilisées pour les calculs.


Les probabilités de concomitance éboulement de masse / crue centennale


Les infiltrations d’eau, et donc les précipitations, sont directement responsables des mouvements qui affectent le versant. Les crues de la Romanche sont également essentiellement liées aux pluies. Mais les temps de réaction du massif et de la rivière sont très différents.

Des précipitations s’abattant sur le haut du massif font gonfler les eaux de la Romanche assez rapidement : 24h environ pour une crue centennale. Sur les Ruines de Séchilienne en revanche, les effets de la pluie se font ressentir dans un délai très variable compris entre quelques jours (déclanchement d’éboulements superficiels) et quelques mois (déstabilisation en profondeur).

Il pourrait donc y avoir un décalage dans le temps entre une crue et une rupture de la zone frontale provoquées par le même épisode de pluies exceptionnelles. Le risque de concomitance demeure tout de même, car rien ne dit que la décrue serait amorcée au moment de l’éboulement de masse.


La vitesse de rupture du barrage


Elle a été étudiée par le biais d’une modélisation, réalisée par la Compagnie Nationale du Rhône, tenant compte du débit de la Romanche en crue centennale, de la hauteur du barrage formé et de la taille des matériaux le composant (granulométrie).

Compte tenu des scénarios d’éboulement envisagés, l’éventuel barrage serait constitué d’un mélange de blocs et d’éléments fins qui connaîtrait une érosion progressive (contrairement aux amas de matériaux fins uniquement, davantage enclins à se rompre brutalement). Les eaux seraient ainsi libérées progressivement, évitant la formation d’une vague et n’augmentant le débit de la Romanche que de 50 m³/s (les premières études du SYMBHI estimaient ce sur-débit à 200 m³/s environ).

D’après les essais, cette valeur apparaît constante : le sur-débit occasionné ne modifierait pas l’importance de la crue au moment de l’érosion du barrage.
   
 

 
 


 

 

 

 Les Ruines de Séchilienne surplombant la Romanche et la RD 1091
Les Ruines de Séchilienne surplombant la Romanche et la RD 1091



 
 Enjeux humains et matériels à l’aval immédiat des Ruines
Enjeux humains et matériels à l’aval immédiat des Ruines



 
 Modèle réduit utilisé pour les simulations d’érosion du barrage
Modèle réduit utilisé pour les simulations d’érosion du barrage



 

VIDEOS


Ruines de Séchilienne : simulation de l’éboulement sur modèle réduit (Interview de Olivier Manin, Chef de projet au SYMBHI)



 
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