Pourquoi des séismes en Rhône-Alpes ?


Les séismes sont causés par l’affrontement des plaques tectoniques. Elles s’écartent, coulissent, passent l’une sous l’autre. Dans la région Rhône-Alpes, les séismes traduisent le mouvement de rotation de la microplaque Adriatique.

Pour comprendre la cause des tremblements de terre, les sismologues étudient la situation tectonique de la région c’est-à-dire les mouvements relatifs des plaques ou des structures plus petites. Le terme « plaque » est en effet habituellement utilisé pour une échelle comparable aux continents. Pour cela, ils examinent la répartition géographique des séismes à partir de cartes de sismicité. Apparaissent alors des alignements qui correspondent aux principaux axes de déformations (limites de plaques, fronts de chevauchement, failles…).

L’analyse des cartes de sismicité à grande échelle montre que la plaque Afrique tourne autour d’un axe situé au large des côtes mauritaniennes, entraînant la microplaque Adriatique dans un mouvement analogue. C’est la rotation de cette microplaque, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, qui semble à l’origine des séismes alpins.

 

A plus petite échelle, les réseaux régionaux de stations sismologiques permettent de localiser et de caractériser les séismes ressentis précisant ainsi les axes de déformations. Le sud-est de la France est surveillé par le réseau Sismalp composé de 44 stations grâce auxquelles près de 600 évènements sont localisés chaque année. Les 20 ans d’observation ont mis en évidence quatre arcs de sismicité dans les Alpes dont un encore inconnu avant l’installation de ce réseau. Ces lignes, où se concentrent les séismes, attestent du déplacement relatif des compartiments de la croûte terrestre. Dans les Alpes, il s’agit principalement de mouvement de coulissage : les compartiments situés à l’est glissent vers le sud. Plus étonnant, les Alpes occidentales internes (carte) seraient en extension : elles ne grandissent plus mais auraient au contraire tendance à s’affaisser sous leur propre poids.

Le réseau Sismalp affine encore la description tectonique des Alpes en détectant les failles actives. Il a ainsi permis de découvrir des failles non repérées par les géologues car ne produisant pas de rupture en surface. C’est notamment le cas de la faille de Belledonne qui est responsable de nombreux séismes dans la région grenobloise. Cette faille suit le bord occidental du massif du même nom. Si aucun séisme violent n’est répertorié, l’activité y est régulière : plusieurs séismes ont été enregistrés du côté de Laffrey dont le plus important a atteint la magnitude de 3.5 en 1999. Le séisme de Lancey (2.9) survenu en 2003 à l’autre extrémité de la faille sert d’ailleurs de référence pour estimer, sur la base de calculs numériques, les dégâts que pourrait produire un séisme plus important dans la région.

La situation tectonique précise de certaines zones de la région Rhône-Alpes reste cependant méconnue car la sismicité n’y apparaît pas suffisamment organisée, du moins après 20 ans d’observation. Il s’agit notamment de la zone comprise entre Grenoble, Lyon et Chambéry. L’origine exacte de ces séismes n’est pas encore bien comprise.


On sait maintenant comment ça bouge, mais de combien ?

Seulement de quelques dixièmes de millimètres par an, soit près de cent fois moins que la célèbre faille de San Andreas en Californie. Lorsque les déplacements sont très faibles comme dans les Alpes, les scientifiques ont recours à des méthodes complémentaires pour mesurer le taux de déformation : les mesures GPS. Elles n’existent que depuis une dizaine d’années dans le sud-est de la France (Installation du réseau REGAL en 1997) mais à long terme, elles permettront d’avoir une vision beaucoup plus fine des mouvements dans les Alpes.

   
 

 
 


 

 

 

 Carte du réseau Sismalp (©  François Thouvenot, ISTerre)
Carte du réseau Sismalp (© François Thouvenot, ISTerre)



 
 Sismicité en Rhône-Alpes (©  François Thouvenot, ISTerre)
Sismicité en Rhône-Alpes (© François Thouvenot, ISTerre)



 
 Mouvement d’extension des Alpes internes (©  Christian Sue, ISTerre)
Mouvement d’extension des Alpes internes (© Christian Sue, ISTerre)



 
 Station sismologique du Col du Frêne
Station sismologique du Col du Frêne



 

VIDEOS


Des séismes en Rhône-Alpes. Oui , mais pas n'importe où ! (Interview de François Thouvenot, physicien des observatoires à l'Institut des Sciences de la Terre / ISTerre - anciennement LGIT)




Les séismes dans les Alpes, une histoire de tectonique (Interview de François Thouvenot, physicien des observatoires à l'Institut des Sciences de la Terre / ISTerre - anciennement LGIT)



 
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