VOS QUESTIONS !

1 Pourquoi certains secteurs de la falaise du Prégentil sont-ils plus soumis aux éboulements que d’autres ?
2 Pourquoi, en janvier 1998, ne s’est-il pas formé de nuage de poussière comparable à celui du mois de juin, alors que les matériaux mobilisés ont représenté un volume bien plus important lors du premier évènement ?
3 Quels sont les principaux acteurs chargés de la surveillance et de l’entretien du cirque de Saint-Antoine ?
4 Pourquoi les travaux de protection n'intègrent-ils pas le génie biologique ?
5 Par le passé, est-il arrivé que des évènements survenus sur le cirque de Saint-Antoine portent atteinte à la population ou aux infrastructures ?
6 Comment connaît-on les heures exactes auxquelles se sont déroulés les éboulements ?
7 Comment peut-on prévoir des scénarios d’évolution de la falaise ?
8 Quelles circonstances pourraient être à l’origine d’un évènement majeur, concernant les chutes de blocs et les laves torrentielles ?
9 Pourquoi déplacer le collège alors que les risques sont désormais minimes et qu’il existe un système d’alerte mise à l’abri auquel élèves et personnel sont bien préparés ?


Pourquoi certains secteurs de la falaise du Prégentil sont-ils plus soumis aux éboulements que d’autres ?

Ce phénomène s’explique par les différences de structure de la falaise, liées aux déformations de la roche : les marnes et les calcaires qui composent le Prégentil sont des matériaux particulièrement « souples » qui ont subi d’intenses plissements lors de la formation de la chaîne des Alpes, du fait de la tectonique des plaques (convergence des plaques eurasienne et africaine) ; ces déformations sont aujourd’hui bien visibles sur la paroi (le pli qui apparaît sur la falaise est appelé anticlinal). Malgré cette relative souplesse, la structure a tout de même cédé par endroits : en se brisant, la masse rocheuse s’est vue affectée de nombreuses failles verticales qui fractionnent désormais la masse rocheuse.

L’importance du plissement ainsi que la fragmentation de la structure sont à l’origine des disparités structurales observables actuellement, à savoir de fréquents changements de pendage (pente des couches) entre les compartiments rocheux séparés par des failles. De ce fait, plus les strates sur un secteur sont inclinées, et plus elles penchent en direction du vide, plus cette zone est soumise aux risques d’éboulements.
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Pourquoi, en janvier 1998, ne s’est-il pas formé de nuage de poussière comparable à celui du mois de juin, alors que les matériaux mobilisés ont représenté un volume bien plus important lors du premier évènement ?

Le compartiment rocheux éboulé au mois de janvier était situé à une altitude inférieure à celle du secteur affecté par les évènements de juin : la hauteur de chute a ainsi été deux fois moins importante (environ 100 m en janvier, contre 200 m en juin), induisant un plus faible impact au sol. Le fait que la fragmentation et l’éclatement des blocs aient été beaucoup moins intenses au mois de janvier a également été lié à la présence au sol d’environ 30 cm de neige, qui ont largement contribué à amortir la chute des matériaux.
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Quels sont les principaux acteurs chargés de la surveillance et de l’entretien du cirque de Saint-Antoine ?

La partie supérieure du cirque de Saint-Antoine (falaise du Prégentil) est devenue une propriété de l’Etat en 1866 avec la création sur ce secteur d’un périmètre RTM. L’intérêt de cette acquisition a été la prise en charge par l’Etat, via le service RTM et les crédits qui lui sont alloués, des travaux réalisés sur le site pour lutter contre l’érosion de la falaise et protéger la population face aux risques d’éboulements et de laves torrentielles. Ce procédé a permis d’effectuer des opérations de reboisement visant à stabiliser le sol (sur les 172 ha du périmètre RTM, 100 ha ont été reboisés), et de mettre en place des ouvrages de protection dans les lits des torrents de Saint-Antoine et des Alberts (environ 50 barrages en pierre sèche) à la fin du 19e siècle.

Le cône de déjection appartient en revanche à la commune, et le chenal d’écoulement relève de la responsabilité du maire qui charge le service RTM du suivi et de l’entretien du site (curage du lit, vérification de l’état des aménagements).

Le RTM est donc le principal acteur dans la prévention des risques sur le cirque de Saint-Antoine. Il demande toutefois les services de bureaux d’étude pour certaines taches, telles que l’auscultation de la falaise, effectuée par Sintégra, ou les études de propagation des blocs, réalisées par la Société Alpine de Géotechnique.
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Pourquoi les travaux de protection n'intègrent-ils pas le génie biologique ?

Plusieurs opérations de reboisement ont eu lieu sur le cirque de Saint-Antoine jusqu’en 1998, mais les évènements de cette année-là ont causé la destruction de plusieurs dizaines d'hectares de forêt, soit à cause de l’impact direct de blocs, soit du fait de l’effet de souffle provoqué par les éboulements.

Le service RTM n’envisage pas de reboisement immédiat des zones dégradées par les évènements de 1998, d’une part parce que les risques d’éboulements demeurent trop importants pour envoyer des hommes travailler directement sous la falaise et, d’autre part, parce que l’investissement induit est jugé trop élevé au regard des prévisions : près de 2 millions de m3 de matériaux devraient encore se détacher de la paroi, entraînant certainement la destruction de la végétation.

Pour ces raisons, le RTM souhaite attendre que le risque d’éboulement ait quasiment disparu pour envisager un reboisement du cirque de Saint-Antoine, d’autant que préalablement le lit du torrent (et donc de ses berges et flancs) devra être à nouveau stabilisé par un ensemble cohérent de barrages et seuils, comme cela avait été réalisé initialement, il y a 150 ans … ; ce dispositif a été régulièrement entretenu et conforté ensuite, voire même reconstruit (ce qui a été le cas lors d’une rénovation lourde dans les années 1950 puis après l’éboulement de 1965). Une nouvelle opération relevant de la protection active ne pourrait être décidée par l’Etat qu’au vu d’une analyse approfondie des coûts et avantages : on peut douter aujourd’hui ,dans ce cas particulier au vu à la fois de l’historique et des études sur l’évolution prévisible de la falaise, d’un bilan qui lui soit globalement favorable face à un éventuel confortement complémentaire de la protection passive en place sur le cône torrentiel ; cela n’exclut pas pour autant d’éventuelles interventions ponctuelles de type actif, par exemple à la sortie de la gorge. Seule l’observation dans le temps du comportement global du site (aussi bien naturel qu’urbanisé) permettra d’adapter au mieux l’ensemble du dispositif de protection.
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Par le passé, est-il arrivé que des évènements survenus sur le cirque de Saint-Antoine portent atteinte à la population ou aux infrastructures ?

Selon les archives du RTM, le cône de déjection ainsi que la plaine ont plusieurs fois été affectés par des évènements de grande ampleur. Tous les dégâts constatés (uniquement matériels) ont été liés à des crues ou des laves torrentielles, mais jamais directement à des éboulements (arrivée de blocs sur le secteur urbanisé ou nuages de poussière).

A l’époque, l’absence d’ouvrages de protection sur le cône de déjection a entraîné à plusieurs reprises des dégâts au sein même du centre-ville de Bourg d’Oisans. Au début de l’année 1700, de nombreuses infrastructures ont été inondées, et un couvent, ainsi qu’une maison, ont été emportés. En août 1852, c’est la route (actuelle RN 91) qui a été submergée par les eaux et la boue, sur une longueur de six kilomètres. En été 1873, la route a de nouveau subi un engravement, provoquant des accidents de circulation. Le même phénomène s’est reproduit en juillet 1905 suite à la formation d’une lave torrentielle, qui a également emporté des murs et engendré des inondations dans le Bourg.

L’aménagement du torrent et la mise en place progressive d’ouvrages de protection ont ensuite permis de canaliser les écoulements torrentiels, si bien qu’aucun évènement n’a par la suite porté atteinte au secteur urbanisé.
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Comment connaît-on les heures exactes auxquelles se sont déroulés les éboulements ?

Le détachement, et surtout la chute de compartiments rocheux, engendrent des secousses au sein de la falaise et du sol. Les éboulements survenus sur le Prégentil ont ainsi été détectés par le réseau SISMALP (réseau de surveillance des séismes dans le sud-est de la France, comptant à ce jour 44 stations de mesure). L’enregistrement des informations se fait en temps réel, et permet donc de dater exactement les évènements. Notons que les secousses engendrées par les éboulements peuvent être assez importantes, puisque les magnitudes les plus élevées ont atteint 1,5.
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Comment peut-on prévoir des scénarios d’évolution de la falaise ?

Les scénarios d’évolution sont essentiellement basés sur des observations de terrain, et dans une moindre mesure sur les résultats des auscultations de la falaise. Les secteurs considérés comme susceptibles de s’ébouler ont été identifiés à partir de deux indices :

- le décollement de compartiments au niveau de failles verticales ;

- la décomposition ou l’éclatement localisés de la roche au niveau de plans de stratification (zones de contact entre deux strates).

Par ailleurs, c’est la structure même de la falaise qui permet d’estimer qu’elle finira par acquérir un certain équilibre et ainsi se stabiliser. Elle est en effet affectée d’une faille transversale qui sépare la paroi du reste de la masse rocheuse. Au-delà de cette fracture, la stratification est rentrante (les couches ne sont plus inclinées vers le vide). Cette configuration incite donc à penser qu’une fois que la face visible de la falaise se sera éboulée, la roche ne devrait plus être affectée de chutes de matériaux.
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Quelles circonstances pourraient être à l’origine d’un évènement majeur, concernant les chutes de blocs et les laves torrentielles ?

Les risques de débordements torrentiels ou qu’un bloc passe au-dessus du merlon reposent sur un comblement du lit du torrent, qui aurait pour conséquence de diminuer considérablement l’efficacité des aménagements de protection. Le chenal est justement curé par précaution, afin d’empêcher ces phénomènes de se produire.

Le risque demeure tout de même car certaines conditions pourraient rendre le curage du lit du torrent impossible. Ce serait par exemple le cas si la quantité de matériaux à déblayer était trop importante (en cas d’éboulement de très grande ampleur), si une avalanche de neige venait combler le chenal, ou encore si la falaise devenait trop instable (chutes de blocs récurrentes), de sorte qu’il serait trop risqué d’envoyer des hommes travailler sur le site.
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Pourquoi déplacer le collège alors que les risques sont désormais minimes et qu’il existe un système d’alerte mise à l’abri auquel élèves et personnel sont bien préparés ?

En dehors du fait qu’il est nécessaire d’agrandir l’établissement et que le bâtiment ne peut être modifié sur son emplacement actuel, la volonté de la part de la commune de déplacer le collège dans la plaine relève du principe de précaution. Si la situation en cas d’éboulement semble aujourd’hui pouvoir être parfaitement maîtrisée, il ne faut pas négliger les réactions imprévues que les individus peuvent avoir. Il pourrait ainsi se produire en cas d’alerte un mouvement de panique au sein du collège, dont les conséquences seraient pires encore si, par exemple, des asthmatiques se trouvaient au milieu de la foule.

Autrement dit, ce ne sont pas les effets directs des éboulements qui inquiètent les pouvoirs publics, mais plutôt les réactions des individus en cas d’évènement majeur, pouvant être à l’origine d’accidents.
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