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| Une falaise vouée à s'ébouler |
Une paroi fragile
Au fil des temps, les glaciers ont entaillé les couches sédimentaires du Jurassique et leur contact cristallin, les recoupant en biais et faisant ainsi apparaître de magnifiques plis de part et d’autre de la plaine alluviale de Bourg d’Oisans : c’est le cas en particulier pour la falaise de Prégentil avec son pli couché (anticlinal) reposant, au droit du torrent du Saint-Antoine (ravin du Bout du Monde), sur un autre ensemble plissé (synclinal de Villard-Reymond) ; cette disposition explique la diversité des orientations des couches par rapport au vide et leur plus ou moins grande sensibilité au risque d’éboulement, d’autant que par ailleurs celles-ci ont été découpées en compartiments par plusieurs systèmes de fractures.
Pour en savoir plus :
- Bourg-d'Oisans : site géologique de l'agglomération
- Les Paysages Glaciaires dans les montagnes, étude de géomorphologie glaciaire.
Ces roches sédimentaires, particulièrement sensibles aux processus d’érosion (dissolution par les eaux de pluie, dilatation voire éclatement en cas de gel, dislocation liée à la croissance des racines de végétaux…), sont de deux types : la paroi est composée de marnes et de calcaires, disposés sous forme de couches alternées (strates). Les premières étant plus fragiles que les secondes, la vitesse de détérioration n’est pas la même pour toute la surface de la falaise : on parle d’érosion différentielle. La désagrégation plus rapide des marnes entraîne :
- un renfoncement des couches marneuses dans la structure donnant lieu à l’apparition de surplombs rocheux, qui se détachent et s’effondrent lorsqu’ils ne se maintiennent plus en équilibre au-dessus du vide (Fig. 1);
- la désolidarisation des couches calcaires qui, dans les secteurs de la falaise où les strates sont inclinées vers le vide, glissent et finissent par tomber (on parle de « glissement banc sur banc » ; Fig. 2).
La fragilité de la falaise du Prégentil est encore renforcée par la présence de nombreuses failles verticales. Lorsque ces discontinuités délimitent des surplombs rocheux, elles empêchent leur ancrage dans la falaise, contribuant à renforcer leur instabilité et donc à accélérer leur détachement.
L’inéluctable recul de la falaise
Sur la falaise du Prégentil, tout départ de matériaux entraîne la déstabilisation de compartiments rocheux contigus (notamment lorsqu’ils sont situés au-dessus des zones de départ puisque la surface sur laquelle ils prenaient appui disparaît) qui finissent par s’écrouler. La vitesse de décrochement est toutefois très variable car elle dépend de nombreux facteurs, comme la fragilité de la roche en un point, l’inclinaison des strates ou encore la présence de failles. Deux éboulements concernant des compartiments contigus peuvent ainsi être séparés de quelques heures ou de plusieurs mois.
Ce processus selon lequel chaque éboulement en entraîne un autre correspond au mode d’évolution naturelle de la falaise (on parle d’évolution par régression amont). C’est pourquoi la paroi est fréquemment soumise à des chutes de blocs isolés, et sporadiquement à des éboulements. C’est également la raison pour laquelle des décrochements de pans rocheux continueront d’affecter la falaise à l’avenir.
Les perspectives d’évolution
L’expertise réalisée en juillet 1998 par le bureau d’études SAGE estime les risques résiduels à court et moyen terme à des éboulements s’effectuant par compartiments d’un volume unitaire compris entre 15 et 100 000 m3 pour un volume total de l’ordre de 600 à 800 000 m3, essentiellement dans le secteur déjà fragilisé de la « Demoiselle ».
Par ailleurs, l’expertise complémentaire confiée ultérieurement au CETE de Lyon a chiffré le volume susceptible d’être concerné à l’échelle du siècle à 2 000 000 m3, par compartiments au maximum de 200 000 m3, avec un risque de franchissement de l’éperon rocheux en rive gauche de la gorge au-delà de 1 200 000 m3. |
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