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| Les risques associés aux éboulements |
Les éboulements constituent un risque dans la mesure où la propagation des blocs est très aléatoire : atterrissant sur une surface à forte pente, ils se mettent à rouler ou à rebondir en prenant de la vitesse, si bien qu’ils peuvent venir percuter des constructions situées en aval. Mais le secteur urbanisé dans la partie basse du cirque de Saint-Antoine est également soumis à d’autres risques : les laves torrentielles, et la formation d’un nuage de poussière suite à un éboulement.
Les laves torrentielles
Le Saint-Antoine, malgré un bassin versant limité (87 ha à la sortie de sa gorge) a constitué un imposant cône de déjection (30 ha) sur le bord duquel s’est développé Saint-Laurent-du-Lac (devenu plus tard Le Bourg d’Oisans), à l’abri des fluctuations de son lac. Ce cirque présente en effet les deux conditions de base nécessaires à la formation de laves torrentielles, à savoir :
- la présence, au sol, de matériaux solides mobilisables (correspondant aux blocs, pierres et fines issus de la falaise, déposés non seulement dans le lit du torrent mais encore sur toute la largeur de son talweg, … le rehaussant de quelques dizaines de mètres après avoir détruit la totalité de la protection active en place) ;
- la pente relativement importante de la surface sur laquelle reposent ces éléments.
Pour qu’une lave torrentielle se forme, il faut que cette surface reçoive une grande quantité d’eau sur un court laps de temps, ce qui se produit en cas de fortes pluies.
Ces trois conditions ont été réunies à plusieurs reprises sur le cirque de Saint-Antoine, notamment le 4 juin 1998 (soit peu avant la deuxième série d’éboulements) : une impressionnante lave torrentielle (Photo 3) a pris en charge plus de 20 000 m³ de matériaux issus des éboulements du mois de janvier précédent et présents dans le lit du torrent. Sa hauteur a été estimée à environ 4 mètres, si bien qu’elle a quasiment atteint le sommet des digues latérales entre lesquelles sur la partie amont de son cône le torrent était alors canalisé (avec une section d’environ 32 m2) ainsi qu’à l’aval de celle de rive droite au droit de la plage de sédimentation (marais de la Morlière) manquant de peu le débordement notamment à partir du gymnase.
On estime à environ 60 000 m3 le volume de matériaux qui, au cours des trois premières années, ont été transportés par le torrent (soit sous forme de laves torrentielles soit par charriage), aussitôt curés et évacués par la commune (avec réemploi en partie sur place pour constituer l’ossature des ouvrages de protection) ; cette valeur mérite d’être comparée avec les 350 000 m3 éboulés pendant la même période …
L’expertise menée par le bureau d’études ETRM chiffre le volume de matériaux susceptible d’être mobilisé – sous réserve de leur disponibilité effective - par des précipitations de type décennal à 9 000 m3 en cas de charriage et à 25 000 m3 en cas de formation de laves torrentielles (respectivement 4 000 et 9 000 m3 pour une pluie annuelle).
Les caractéristiques des laves torrentielles
Les laves torrentielles sont des phénomènes complexes, étudiés par bon nombre chercheurs tentant de comprendre leur comportement qui, dans certains cas, reste inexpliqué.
Ces écoulements, particulièrement destructeurs, se caractérisent par :
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leur mode d’écoulement : les laves avancent par bouffées, correspondant à une succession de phases d’arrêt du front, lorsque la pente diminue, et de ruptures d’embâcle, quand le corps exerce une pression suffisante pour pousser la masse stabilisée (c’est à ce moment que la vitesse d’écoulement est la plus élevée).
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Les nuages de poussière
Dans leur chute, les blocs se heurtent à la paroi et au sol, occasionnant des chocs qui ont pour effet de les fractionner plus ou moins intensément : les nuages de poussière se forment lorsque les matériaux se décomposent en de fines particules, en particulier en cas de chute de forte hauteur. La falaise du Prégentil étant composée de roches friables, elle est particulièrement soumise à ce type d’aléa.
A noter associé à ce phénomène, compte tenu des volumes en jeu et de la hauteur de chute, un important effet de souffle à proximité, expliquant la destruction de la forêt sur plusieurs hectares en rive droite, latéralement à la zone d’éboulement (comme cela a pu être constaté le 29 juin 1998 puis le 9 juin 1999).
Le risque que représentent les nuages de poussière n’est cette fois pas lié à leur destructivité. Il s’agit plutôt :
- d’un phénomène de panique, lié au fait de se retrouver dans l’obscurité totale (ce qui a été le cas pour une partie de Bourg d’Oisans en juin 1998) avec en bruit de fond les grondements de la falaise, engendrant une peur liée à l’incertitude et au sentiment d’impuissance (certains témoignages relatent l’impression que la falaise était en train de s’effondrer sur la ville) ;
- des risques d’accidents liés à l’absence de visibilité, notamment en ce qui concerne les accidents de la route.
Ne présentant a priori pas de danger physique direct pour la population et les infrastructures, les nuages de poussière semblent ne pas correspondre à un risque objectif. C'est pourtant cet aléa que les autorités redoutent le plus sur le cirque de Saint-Antoine, compte tenu du risque de panique collective qu’il peut instantanément provoquer : cet aspect a été particulièrement pris en compte dans le PPMS (Plan Particulier de Mise en Sécurité) du collège des Six Vallées de Bourg d’Oisans, avec formation correspondante des professeurs, sensibilisation des parents et organisation régulière d’exercices à titre préventif. |
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