Quelques difficultés récurrentes


Chaque commune étant un cas particulier, toute organisation communale de crise a ses propres caractéristiques. Malgré tout, certaines difficultés se retrouvent fréquemment, peu importe la taille et les moyens de la collectivité en question. En voici des exemples, et quelques bonnes pratiques pour les contourner.

 

La réception de l’alerte

Sur une commune dépourvue d’astreinte, les alertes reçues en dehors des périodes ouvrées peuvent ne jamais atteindre leur cible.

Pour y remédier, l’institution d’un régime d’astreinte est la solution la plus simple mais s’avère trop coûteuse pour un grand nombre de communes. Une possibilité alternative est la mise en place d’un système d’« astreinte informelle », organisé entre le maire et ses adjoints.

En terme d’organisation et de fonctionnement, il est nécessaire de déterminer à l’avance un calendrier de passation et de préciser les conditions de relai entre deux personnes – jour et heure du transfert de responsabilité notamment ; ce planning doit figurer dans le PCS.

Une bonne pratique consiste à se doter d’une ligne téléphonique spécifique associée à un numéro exclusivement dédié à l’alerte et aux situations d’urgence. De cette manière, soit les appels arrivent sur un téléphone portable que les personnes d’astreinte s’échangent à l’occasion de leurs tours, soit ils sont basculés automatiquement sur leurs téléphones grâce au transfert d’appel. Le « numéro de crise unique » doit évidemment être transmis à toutes les sources d’alerte potentielles (préfecture, SDIS, gendarmerie, communes voisines, etc.).

Il est en outre conseillé de constituer une « mallette d’astreinte » comprenant toutes les informations du PCS utiles dans les premiers instants d’un évènement (annuaire de crise, coordonnées des élus, procédures élémentaires, etc.) et, le cas échéant, le téléphone d’astreinte et son chargeur.

 

Les « fausses alertes » météo

Ce problème tient de la confusion très fréquente entre les notions de vigilance et d’alerte : les préfectures informées par Météo-France d’une vigilance orange ou rouge ont tendance à les relayer systématiquement à l’ensemble des communes, sous l’appellation « alerte ». En réalité, non seulement il s’agit d’une information et non véritablement d’une alerte, mais ce procédé est en outre banalisé du fait de cette diffusion généralisée sur le département au lieu de cibler les seuls territoires potentiellement concernés. Une commune peut ainsi sur une même année être destinatrice d’une dizaine d’alertes météo dont aucune ne sera suivie d’évènement remarquable.

Cela finit par avoir pour effet de décrédibiliser les alertes météorologiques qui, bien souvent, ne sont plus prises en compte par les élus. Mais cette absence de réaction des pouvoirs publics peut avoir des conséquences dramatiques, comme l’a montré la tempête Xynthia en 2010.

L’impossibilité d’anticiper précisément et à coup sûr la localisation de phénomènes météorologiques rend d’autant plus indispensable la mise en place au niveau communal de procédures de veille adaptées aux différents types de phénomènes dont on peut suivre l’évolution et associées à une montée en puissance du PCS. Cette veille se traduit par un suivi des prévisions et – quand c’est possible – de la situation sur le terrain (surveillance du phénomène, des enjeux exposés) : montée des eaux des rivières, surveillance de la formation éventuelle d’embâcles ou encore des routes inondables en cas de pluie, présence et quantité de neige sur les routes, les lignes électriques et les toits, etc.

Voir le dossier thématique « La vigilance et l’alerte météo : comment ça marche ? »

 

Les schémas d’alerte trop longs

Le nombre d’interlocuteurs dans une chaîne d’alerte (par exemple : témoin / standard mairie / astreinte / maire / population et ERP) peut avoir pour effet sa diffusion trop tardive auprès des personnes exposées, notamment en cas d’évènement à cinétique rapide nécessitant une réaction (mise à l’abri ou évacuation) immédiate.

Pour réduire les délais de diffusion en cas d’urgence avérée, le schéma d’alerte doit pouvoir être :

  • soit réduit, en supprimant des interlocuteurs : par exemple en faisant immédiatement remonter le message au maire sans passer par les personnes intermédiaires ;
  • soit « court-circuité », en diffusant directement l’alerte aux personnes les plus exposées et vulnérables : pour les établissements Seveso seuil-haut par exemple, en passant une convention entre la mairie, la préfecture et l’exploitant autorisant ce dernier, en cas d’activation du PPI, à alerter directement les établissements scolaires à proximité.

 

Les difficultés de mise en œuvre des moyens d’alerte

Les moyens d’alerte peuvent se révéler inutilisables dans l’urgence, soit parce que les personnes capables de les faire fonctionner sont absentes, soit à cause d’un problème technique (système détérioré, rupture de l’alimentation électrique, batteries déchargées, etc.).

Sur l’aspect humain, il est nécessaire d’une part de former plusieurs personnes à l’utilisation des systèmes d’alerte et d’information, mais aussi de réaliser des fiches détaillant la marche à suivre pour utiliser chacun d’eux, de manière à ce qu’ils puissent être mis en œuvre par quiconque.

Concernant l’aspect technique, il faut prévoir au moins un système ne nécessitant pas d’alimentation électrique, et effectuer pour l’ensemble des systèmes une maintenance (incluant le rechargement / changement des batteries) et des tests réguliers pour vérifier leur bon fonctionnement. Il est d’ailleurs recommandé d’utiliser réellement les moyens d’alerte et d’information au cours des exercices de sécurité civile, en vue de les tester et d’entraîner les membres du PCS à leur utilisation.

   
 

 
 


Sommaire

 

 

 

 
  © 2000 - 2015 Institut des Risques Majeurs | Plan du site | Notice légale | Crédits |