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| Un versant instable... |
...de longue date
Le site des Ruines de Séchilienne est connu depuis plusieurs siècles pour ses chutes de blocs : divers témoignages rapportent notamment des éboulements au cours des années 1726, 1762, 1794, 1833 et 1906. Reconnu de tous temps comme dangereux, le secteur n'a toutefois pas connu d'éboulement majeur, ni d'obturation naturelle du lit de la Romanche.
Au cours de l’hiver 1985-1986, une recrudescence des chutes de blocs et une augmentation de leur calibre alertent les pouvoirs publics. Une étude est réalisée, le phénomène géologique est identifié et le site est mis sous surveillance.
Le phénomène des Ruines de Séchilienne n’est pas un glissement de terrain proprement dit mais, selon les scientifiques, « une rupture interne progressive » par fracturation. Cette rupture se traduit par une désagrégation du massif qui se décomprime et s’affaisse sur lui-même. C’est un phénomène géologique irréversible et continu.
Le massif est constitué de micaschistes fracturés et instables : les fissures s’ouvrent et se propagent, provoquant des affaissements du terrain et découpant le versant en «lanières» verticales. Ces différents compartiments de roches bougent, se déforment, jusqu’à se rompre.
Pourquoi le versant est-il instable ?
Cette instabilité s’explique en premier lieu par :
- la nature géologique du site, les micaschistes étant extrêmement fracturés et fragiles ;
- la décompression du massif lors du retrait du glacier de la Romanche après la dernière glaciation (il y a 15 000 ans), qui a provoqué l’ouverture de fractures puis l'affaissement du sommet du Mont Sec.
Deux autres facteurs viennent accentuer cette instabilité :
- l’eau : comme l’indique son nom, le Mont Sec ne comporte ni sources, ni ruisseaux. Les eaux de ruissellement s’infiltrent donc de façon discontinue dans les fractures du sol. Les variations de pression liées aux brusques apports en eau (pluie, neige) ou aux variations gel/dégel fragilisent la roche qui finit par éclater. Notons que, d’après les experts, la sensibilité du site aux infiltrations augmente avec le temps ;
- la forte pente du versant : elle constitue un facteur moteur du mouvement.
Les différentes zones d'instabilité du versant
Les mouvements n’affectent pas l’ensemble du massif de la même manière. On distingue :
- la zone frontale, située sous le Mont Sec, délimitée au sud-est par une falaise et dont les mouvements s’étendent progressivement vers l’ouest ;
- la zone intermédiaire, entre l’affaissement du Mont Sec et la zone frontale ;
- la zone sommitale, correspondant à la marge ouest et nord et à la partie supérieure du Mont Sec.
La zone frontale, est la plus active : c’est là qu’un éboulement potentiel de 3 millions de m³ est envisagé. Les mouvements sont de l’ordre de 1,50 m par an, parfois davantage. Relativement lentes les premières années, les vitesses de déplacement se sont accrues en 1999. Jusqu’en 2004, les accélérations étaient largement rythmées par les saisons (influence des apports en eau). Toujours aussi rapides, ils se sont ensuite uniformisés tout au long de l’année. Après un ralentissement généralisé d’avril à juin 2009, la zone frontale connaît actuellement une nouvelle phase de déplacements rapides.
Sur la zone intermédiaire, les vitesses de déplacement sont inférieures à 10 cm par an. Ponctuellement affecté par des éboulements ou effondrements, ce secteur connaît globalement une évolution régulière. Aucun phénomène de grande ampleur n’y est attendu, mais la situation pourrait être modifiée en cas d’éboulement de la zone frontale.
En zone sommitale, les mouvements n’excèdent pas 5 cm par an. D’importants affaissements s’y sont produits ces dix dernières années, mais les experts ne craignent pas de mobilisation de matériaux sur ce secteur en cas d’éboulement de la zone frontale et estiment qu’il ne joue pas un rôle majeur dans l’évolution globale du versant.
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