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| La surveillance et le suivi du site |
Déceler les signes avant-coureurs d’un éboulement important afin de donner l’alerte, mais aussi comprendre plus précisément le comportement du massif pour anticiper son évolution sur le long terme, voilà à quoi aspirent les spécialistes en charge de l’instrumentation des Ruines et des mesures effectuées sur le terrain.
Le CETE Lyon au cœur de la surveillance et du suivi des Ruines
Le Centre d’Etudes Techniques de l’Equipement est un service du Ministère de l’Ecologie, composé d’ingénieurs en charge de missions variées dans divers domaines : environnement, aménagement, transports, routes, ouvrages d’arts etc.
Dans le cas de Séchilienne, les géologues, ingénieurs et techniciens du CETE Lyon :
- sont en charge du suivi du versant : instrumentation, collecte et interprétation des données
- soumettent chaque année au Collège d’experts des propositions pour améliorer le système et l’adapter à l’évolution du versant
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Anticiper les éboulements à court terme
C’est l’objectif de la surveillance : des appareils mesurent en continu les déplacements de surface de manière à détecter les accélérations et changements de comportement du massif.
Le dispositif complet comporte des appareils de mesure gérés informatiquement depuis deux locaux :
- le local de Montfalcon, implanté de l’autre côté de la vallée sur le versant faisant face aux Ruines, gère les données géodésiques et radar ;
- le local des Thiébauds, à l’est des Ruines, sur le même versant, gère le réseau extensométrique.
Mis en place dès 1985, le système de surveillance a été complété et amélioré au fil des ans. Il compte aujourd’hui :
- des extensomètres : 33 capteurs implantés dans des fissures de la zone frontale mesurent l’écartement de ces fractures ;
- des appareils de mesure de distance laser : 64 cibles réparties sur les Ruines sont auscultées depuis un théodolite implanté au local de Montfalcon ;
- des appareils de mesure de distance radar : des ondes radar sont envoyées depuis le local de Montfalcon aux 40 trièdres réflecteurs de la zone frontale ; leur temps de propagation aller/retour est ensuite converti en distance.
L’ensemble des données est géré automatiquement par le logiciel GeSSRI (Gestion de la Surveillance des Sites Rocheux Instables), spécialement développé en 1999 pour la surveillance des Ruines de Séchilienne. Opérationnel depuis 2000, ce logiciel :
- gère l’acquisition des données et leur mise à jour entre les différents PC ;
- transfert les informations vers le centre d’exploitation du CETE Lyon situé à Bron (Rhône) ;
- organise et archive les données.
Un Système d’Informations Géographiques (SIG), appelé Cartoséchilienne, permet par ailleurs de visualiser des données de diverses natures (extensométrie, géodésie automatique, radar, inclinométrie, apport d’eau au sol, température) sur fond cartographique.
De la surveillance à l’alerte
Des seuils de vitesse (de déplacement et d’écartement des fractures) au-delà desquels des niveaux d’alerte sont activés ont été définis. Lorsque ces valeurs sont atteintes, l’alerte est automatiquement transmise par le système GeSSRI vers les téléphones portables des géologues et ingénieurs du CETE en charge du suivi du site : l’expertise humaine entre alors en jeu.
Les spécialistes analysent la situation et, s’ils estiment qu’un événement de grande ampleur est susceptible de survenir, ils en informent la Direction Départementale des Territoires de l’Isère (DDT 38) qui transmet à son tour l’information à la préfecture. Sur décision du préfet, le Plan de Secours Spécialisé (PSS) peut alors être déclenché (voir la rubrique « L’organisation de crise »).
Le suivi sur le long terme
Une station météorologique mesurant la température et les niveaux d’eau (pluie et neige) est en place au Mont Sec depuis 1992. Tout comme les données de surveillance, celles-ci sont automatiquement relevées et stockées.
Tous ces renseignements permettent d’étudier sur le long terme l’influence des conditions météorologiques sur les mouvements de surface du versant.
Des mesures complémentaires visant à mieux connaître la structure interne du massif et à comprendre l’origine profonde des mouvements sont également réalisées à l’ouest de la zone frontale :
- des relevés piézométriques (suivi des fluctuations de la nappe d’eau) sont effectués depuis décembre 2009 à 150 m de profondeur,
- des mesures inclinométriques (suivi des déformations de la roche) sont pratiquées à 150 m de profondeur en deux points, respectivement depuis décembre 2009 et juillet 2010,
- des capteurs microsismiques ont été installés à 80 m de profondeur en novembre 2009.
Si l’analyse des données récoltées depuis une vingtaine d’années permet de mettre en avant la nette influence des infiltrations d’eau sur les mouvements de surface, on manque encore de recul pour tirer des conclusions des mesures en profondeur. |