Des inondations vite oubliées


L’analyse de divers documents anciens et chronologies d’évènements montre que, comme aujourd’hui, les grandes décisions en matière de prévention ont, par le passé, suivi les catastrophes.

En effet, lorsqu’une crue majeure se produit (1651, 1778, 1856, 1859, 1948), les dégâts sont considérables (ponts emportés, routes détruites, maisons effondrées, terres agricoles érodées). La population prend alors conscience de sa vulnérabilité face au déchaînement des éléments naturels. Suite à ces catastrophes et à l’émotion qu’elles suscitent, de grands projets d’aménagements sont décidés.

Lorsqu’ils suivent une grande crue, les projets sont généralement rapidement conçus. Malheureusement, ils ne sont que très rarement appliqués dans leur intégralité et souvent, seule une portion du projet est réalisée. Le projet Cunit (1850) fait ainsi suite aux inondations de 1848, et à de gros problèmes d’infiltrations et de déversements. Mais il n’a été appliqué qu’en partie et, bien plus tard, au hasard d’aménagements localisés.

Et pour cause, au fur et à mesure que le temps s’écoule après une grande crue, l’émotion s’estompe, et les financements avec. La mémoire du risque diminue peu à peu, et la population se pense à l’abri d’un événement majeur. Deux exemples, parmi d’autres, illustrent cette situation :

Vers le début du 20ème siècle, la plaine du Grésivaudan, en proie à des infiltrations et à des surverses, est menacée par la transformation de ses terres agricoles en marécages. L’entreprise Schneider présente successivement trois avant projets, le 31 juillet 1929, le 2 mars 1942, et le 30 avril 1947, en vue d’assainir la plaine. Les deux premiers ne sont pas réalisés faute de financements, et le troisième est modifié suite à la crue de 1948, en un quatrième projet, approuvé le 30 novembre 1948. Mais à mesure que l’émotion retombe, les financements cessent avant la fin de la première tranche de travaux prévue pour durer 5 ans.

Ces mécanismes courent jusqu’à la crue suivante, qui produit d’autres dégâts, d’autres émotions, d’autres grands projets, peu ou pas financés. Ainsi, on peut se rendre compte que l’aménagement d’une rivière est un éternel recommencement, car d’une part c’est un système « vivant », qui détériore peu à peu les aménagements, et d’autre part ces derniers sont rarement réalisés à grande échelle et sur le long terme.

Le schéma d’aménagement de l’Isère, porté actuellement par le Symbhi (http://www.symbhi.fr/10408-projet-isere-amont.htm), est novateur en ce sens qu’il ne fait pas suite à une inondation importante et qu’il prévoit des travaux sur l’ensemble de l’Isère amont depuis Grenoble jusqu’à Pontcharra.

 

   
 

 
 


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