Le risque aujourd'hui


La crue de 1859 est la plus forte crue connue, c'est-à-dire celle pour laquelle suffisamment de données sont disponibles pour pouvoir l’appréhender correctement. On sait par exemple que le niveau de l'Isère est monté plus haut lors des crues de 1651 et 1778 mais elles restent trop méconnues sur les plans hydrologiques et hydrauliques pour être réellement utiles aujourd'hui en matière de prévention. La crue de référence, celle qui sert à dimensionner les ouvrages de protection et à réaliser les cartes de risques pour sa prise en compte dans l'urbanisme (Plan de Prévention du Risque Inondation) est donc la crue de 1859. On dit aussi qu’il s’agit d’une crue bicentennale.

 

La crue de référence pour l’Isère : une crue bicentennale.

Les hydrologues classent les crues à partir de leur période de retour : décennale (tous les 10 ans), centennale (tous les 100 ans), bicentennale (tous les 200 ans). On dit aussi que ce sont des crues qui ont une chance sur 10, une chance sur 100, une chance sur 200, etc. de se produire chaque année. A chaque période de retour est associé un débit estimé à partir des données historiques observées sur la rivière. Des modèles numériques complexes s’ajoutent aujourd’hui aux études statistiques pour affiner ces estimations. Ils prennent en compte les maxima pluviaux possibles, la nature et la superficie des bassins versants, etc.

Débits de pointe des crues de l’Isère à Pontcharra (source : PPRI Isère amont)  :

Crue décennale : 980 m3/s

Crue centennale : 1630 m3/s

Crue bicentennale : 1890 m3/s

 

Les zones inondables en cas de crue bicentennale 

Un PPRi détermine les risques existants sur un territoire en prenant en compte la crue de référence et des facteurs aggravants. Pour le risque à l’entrée de l’agglomération grenobloise, en plus de la crue bicentennale de 1859, 11 cas de rupture de digue ont donc été pris en compte. A partir des ces données, un zonage du territoire a été établi, délimitant des espaces constructibles sous conditions et des secteurs où toute construction est interdite, soit à cause du risque, soit parce qu’ils serviront de zones d’expansion des crues afin de réduire les débits en aval.

Sur la base de ces études, le PPRi Isère amont classe notamment en zone inondable le campus universitaire de Saint Martin d'Hères, le CHU de la Tronche, la ZIRST de Meylan, la zone d'activité de Domène, etc. Et bien sûr les voix de circulation, des habitations, des zones agricoles, etc...

 

Des risques pour des crues beaucoup plus petites !

A l’entrée de Grenoble, le problème aujourd’hui est que le risque d’inondation existe pour des crues bien inférieures à la crue bicentennale. En effet, compte tenu de la nature et de l’état des digues, les risques de rupture sont importants dès la crue décennale. De Brignoud à Grenoble Les digues sont à la fois :

- trop basses, en raison de l’engraissement du lit de l’Isère à la suite des travaux d’endiguement (réduction de sa capacité à répandre dans la plaine les matériaux charriés alors que la pente s’adoucit)

- fragiles, car rarement construites dans les règles de l’art (matériaux non compactés…) et constamment sollicitées par la rivière car construites les « pieds dans l’eau » (sur certains cours d’eau les digues sont en recul de plusieurs mètres du lit mineur).

 

Un schéma d’aménagement pour une protection contre la crue bicentannale de l’agglomération grenobloise

Fort de ces constats, le Conseil Général de l’Isère a créé en 2004 le Symbhi, le Syndicat Mixte des Bassins Hydrauliques de l’Isère qui porte aujourd’hui un projet ambitieux de différents travaux de protection : réalisation de champs d’inondation contrôlée, renforcement de digues, arasement de bancs, réaménagement de confluences et de seuils, etc. Une phase de concertation avec tous les acteurs concernés (élus, exploitants agricoles, habitants, etc) a été organisée entre 2005 et 2007. Les travaux ont débuté au cours de l’année 2008 avec la chantourne de Meylan. Ils se poursuivront dans les années à venir et permettront d’aboutir à la protection des principaux enjeux contre la crue de référence. https://www.isere.fr/symbhi/

Un siècle et demi d’endiguement ne sont donc pas venus à bout de l’Isère, loin de là ! Et si on a cru, pendant longtemps, que la technique pourrait permettre de dompter la rivière, le constat est aujourd’hui sans appel. En ce sens, le projet du Symbhi est aujourd’hui à la fois clairvoyant et novateur : sans revenir à un fonctionnement complètement naturel de la rivière, qui serait utopique aujourd’hui compte tenu de l’aménagement de la vallée, il tente de lui redonner un second souffle et un peu d’espace de liberté grâce aux champs d’inondation contrôlée.

 

 

   
 

 
 


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