la surveillance, la prévision et la vigilance


Avant de décrire les acteurs impliqués dans la surveillance, la prévision et la vigilance, il convient de préciser la définition de ces termes dans le contexte des risques majeurs. La surveillance consiste à suivre l’évolution d’un phénomène avec le but final de pouvoir prédire son occurrence et le danger pouvant être occasionné pour les personnes et les biens. La prévision fait partie de la surveillance et peut être plus ou moins réussie selon le type de phénomène observé. Souvent les phénomènes sont prévisibles (l’évènement va survenir) mais plus difficilement prédictibles (quand exactement va-t-il se produire ?).

La vigilance peut être comprise comme la "surveillance attentive". Ce terme est employé pour évoquer l’idée de la mise en vigilance des autorités responsables et de la population suite à la prévision de l’occurrence d’un phénomène. Le citoyen est incité à rester vigilant pour contribuer à sa propre sécurité. Le terme de « vigilance » est employé par Météo-France pour avertir les autorités et la population : vigilance rouge, orange, jaune et verte. 

Météo France est acteur central dans le domaine de la prévision des risques puisque les conditions météorologiques jouent un rôle déterminant dans l’occurrence de nombreux phénomènes naturels (inondations, avalanches, tempêtes et dans une moindre mesure aussi les feux de forêt ou les glissements de terrain). Etablissement Public Administratif, Météo France exerce une mission d’Etat en matière de prévision météorologique et donc de sécurité des personnes et des biens. Il répond donc à des besoins exprimés par les services chargés notamment de la sécurité civile et de la prévention des risques majeurs. De ce fait, Météo France fournit les cartes de vigilance météorologique, constamment mises à jour et affichées sur son site internet. De plus, il transmet, en  cas de phénomène dangereux, des bulletins de suivi aux partenaires institutionnels.

Le travail que fait Météo France en matière de surveillance météorologique concerne les phénomènes suivant : vents violents, pluie-inondation, orages, neige/verglas, avalanches, canicule et grand froid. Ses responsabilités ont été accrues ces dernières années avec notamment l’addition de la vigilance canicule en 2004 ainsi que la vigilance combinée pluie-inondation en 2007.  La tempête Xynthia survenue en février 2010 va probablement conduire à ajouter la vigilance « vague-submersion » à sa liste de missions.

Suite aux inondations qui ont eu lieu dans le Gard en 2002, l’Etat a mis en place la prévision des crues sur les grands fleuves et les grandes rivières de France métropolitaine. L’idée a été d’apporter une expertise conjointe entre météorologues et hydrologues (cf schéma Météo-France et SCHAPI). La création du Service Central d’Hydrométéorologie et d’Appui à la Prévision des Inondations (SCHAPI) en 2003, a été suivi par la création de 22 Services de Prévision des Crues. Le SCHAPI, basé à Toulouse, agit sous la tutelle du Ministère chargé de l’Ecologie. Il s’occupe de l’affichage du risque au niveau national (cartes « vigicrues ») tandis que les SPC se chargent de la vigilance spécifique à leurs territoires. Il est important de noter que les SPC ont la capacité de prévoir les crues seulement sur les grands cours d’eau. Ils ne peuvent pas assurer la prévision des crues torrentielles, notamment en zone de montagne.

Pour les incendies de forêt, Météo-France fournit un Indice Forêt Météo qui permet de connaître le risque quotidien de feux par secteur géographique pendant la période estivale. Ensuite, la surveillance des feux est assurée par une série de mesures prises par divers acteurs (sapeurs pompiers, Auxiliaires de Protection de la Forêt Méditerranéenne de l'Office National des Forêts, Comités Communaux Feux de Forêt, Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage...). Ces acteurs s’engagent à assurer une surveillance permanente (tours de guet et vigies sur les points hauts et dégagés ainsi que patrouilles aériennes et terrestre) en liaison continue avec les autorités.

L’influence des conditions météorologiques sur les mouvements de terrains ne fait pas partie de la surveillance de Météo-France. Lorsque ces mouvements sont connus et qu’ils représentent un risque important pour la population, des mesures de surveillances exceptionnelles peuvent être mise en place par l’Etat ou les collectivités territoriales. Depuis plusieurs années l’Etat finance par exemple un système de surveillance des Ruines de Séchilienne mis en œuvre par le Centre d’Etudes Techniques de l’Equipement (CETE) de Lyon. Le suivi de l'évolution du phénomène est réalisé 24h/24 et 7j/7 et permet d’alerter les autorités en cas de dépassement des seuils prédéfinis. Des suivis « moins lourds » de glissements de terrain peuvent être mis en place par les collectivités territoriales. Ils ne permettent en général pas l’alerte en temps réel mais plutôt de détecter les accélérations (ou les ralentissements) des phénomènes en cause sur des pas de temps plus longs. Le Conseil Général de l’Isère finance par exemple le suivi de plusieurs glissements et de versants rocheux instables sur son territoire. C’est le service de Restauration des Terrains en Montagne de l’Isère qui assure ce travail.

Il est impossible de prévoir quand précisément un séisme va se produire. En revanche, les réseaux de sismographes permettent d’enregistrer tous les séismes qui se produisent et donc de localiser petit à petit les failles actives. La localisation des séismes qui se produisent en France est réalisée par le RéNaSS (fédération des réseaux régionaux de surveillance sismique) placé sous la responsabilité des observatoires des Sciences de l'Univers et des laboratoires CNRS-Universités (dans la région Rhône Alpe, il s’agit du réseau SISMALP). Le BRGM (Bureau de Recherche Géologiques et Minières) en collaboration avec l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire), concourent au recueil et à l’analyse des données sismiques.

Dans le cas des grands barrages hydrauliques, c’est l’exploitant qui est chargé de la surveillance de l’ouvrage et c’est l’Etat qui s’assure qu’il remplit bien ses obligations d’entretien. En Rhône-Alpes,  la DREAL assure le contrôle de 33 grands barrages et de 28 barrages de moyenne importance. L’Etat a renforcé son contrôle du niveau de la sûreté des barrages à travers le Comité Technique Permanent des Barrages et Ouvrages Hydrauliques (qui remplace le CTPB, loi 2006-1772 du 30 décembre 2006 sur l’eau et les milieux aquatiques et décret 2007 relatif a la sécurité des ouvrages hydrauliques et au CTPBOH). Il constitue un élément d’expertise supplémentaire aux contrôles exercés par la DREAL. Les obligations des propriétaires, exploitants ou concessionnaires de barrages définies par le décret 2007-1735 du 11 décembre 2007 s'organisent suivant quatre classes de barrages. Certaines obligations concernent toutes les classes de façon indifférenciée (maîtrise d'oeuvre unique et réglementée, première mise en eau réglementée, dossier et registre du barrage, consignes écrites) ou bien de façon différenciée en ce qui concerne la périodicité des obligations (rapport de surveillance, rapport d'auscultation, visites techniques approfondies) ou bien encore certaines obligations ne concernent qu'une ou deux classes de barrages (étude de dangers et revue de sûreté). Pour en savoir plus : article de Nicolas Monie - Risques Infos n°20.

Enfin, en ce qui concerne la surveillance des installations nucléaires, l’acteur important à mentionner est l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), créée en 2006 par la loi  Transparence et Sécurité en matière Nucléaire (TSN) du 13 juin 2006. l’ASN, autorité administrative indépendante, assure, au nom de l’Etat, le contrôle des activités nucléaires en France.

   
 

 
 


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