|
| Etat des lieux des systèmes existants |
Cette rubrique présente les moyens d’alerte et d’information dans leur ensemble, des plus rudimentaires aux plus innovants, en passant par le plus classique : la sirène. Les façons de procéder pour diffuser l’alerte et l’information varient d’un pays à l’autre. Il s’agit ici de présenter brièvement, pour la France, les outils existants ou qui pourraient se développer à l’avenir :
- les sirènes fixes, émettant un signal sonore, sont de quatre sortes :
- les sirènes du Réseau National d’Alerte (RNA), réparties sur l’ensemble du territoire métropolitain, pouvant être déclenchées manuellement et individuellement par le maire, mais aussi automatiquement par le préfet sur l’ensemble de son département ;
- les sirènes communales, propres à certaines communes et ne faisant pas partie du RNA, ne pouvant être déclenchées que par le maire ;
- les sirènes industrielles – ou sirènes PPI, obligatoires dans les établissements représentant un risque technologique important (sites Seveso seuil haut et Installations Nucléaires de Base), généralement déclenchées par l’exploitant, mais parfois également reliées en préfecture ou en mairie pour être commandées à distance ;
- les sirènes spécifiques aux grands barrages (de type corne de brume), actionnées par l’exploitant en cas de rupture imminente de l’ouvrage ;
Quel signal pour quelle sirène ?
Les sirènes du RNA, communales et PPI diffusent le Signal National d’Alerte, qui consiste en trois cycles successifs d'un son modulé en fréquence, d'une durée de 1 minute et 41 secondes chacun, séparés par un intervalle de 5 secondes. Il retentit le premier mercredi de chaque mois à midi, lors du test mensuel des sirènes. S’il est diffusé à un autre moment, la consigne est d’entrer au plus vite dans un endroit clos et de se mettre à l’écoute de la radio (France Bleu) pour connaître la situation et les consignes de sécurité à appliquer. Lorsque tout danger est écarté, le signal de fin d’alerte (son continu de 30 secondes) est diffusé.
Les sirènes spécifiques aux grands barrages émettent quant à elles un son de corne de brume. Le signal, d'une durée minimum de 2 minutes, est composé d'émissions sonores constantes de 2 secondes séparées par un intervalle de 3 secondes ; en fin d’alerte, un signal continu d'une durée de trente secondes est émis. Ces sirènes sont testées une fois par trimestre : le premier mercredi des mois de mars, juin, septembre et décembre, à 12h15. Si elles sont activées en réel, elles nécessitent une réaction réflexe de la population se traduisant par son évacuation immédiate.
Ecoutez les différents signaux sur le site de l’IFFO-RME |
- les automates d’appel téléphonique (aussi appelés systèmes d’appel en masse ou systèmes automatisés d’alerte en masse), logiciels permettant de diffuser rapidement – jusqu’à plusieurs milliers d’envois en quelques minutes – un message vocal (appel téléphonique) ou écrit (SMS, fax, courriel) à tout ou partie d’une population, préalablement enregistrée dans l’annuaire téléphonique du système ;
- les médias (radio, télévision), notamment de service public (groupes Radio France et France Télévision) du fait de conventions avec les préfectures pour relayer massivement les alertes et informations en cas d’évènement majeur, mais aussi parfois les médias locaux à qui le maire peut faire appel pour diffuser des messages ;
- Internet, puissant outil de diffusion de l’information, permettant de communiquer en temps réel par l’intermédiaire des sites institutionnels (sites Internet des mairies et préfectures) mais aussi des médias sociaux – cette dernière pratique, devenue courante dans certains pays en situation de crise, demeurant encore très peu usitée en France (voir à ce sujet l’encadré en bas de page) ;
- le boîtier d’alerte, diffusant des signaux et messages d’alerte directement chez les habitants, au sein de chaque foyer équipé du système (qui n’est pour l’heure produit que par un seul fabriquant) ;
- la diffusion cellulaire (« cell broadcast » en anglais), permettant la diffusion d’un message sur l’ensemble des téléphones portables d’une zone géographique donnée sans inscription préalable nécessaire sur un quelconque registre, encore inexistant en France mais qu’il est question de développer à l’avenir dans le cadre du projet SAIP porté par le gouvernement sur la période 2009-2017 (voir la rubrique « SAIP : l’alerte de demain ») ;
- les Ensembles Mobiles d’Alerte (EMA), systèmes de haut-parleur installé sur le toit d’un véhicule et permettant de diffuser un signal et/ou un message (selon les modèles), et les mégaphones (fixes – installés dans les zones piétonnes par exemple, ou portables) ;
- les Panneaux à Message Variable (PMV), panneaux de signalisation comportant un dispositif télécommandé permettant d'afficher des messages, le plus souvent situés sur les grands axes routiers ou dans les communes ;
- le porte-à-porte, consistant à aller communiquer des informations directement aux habitants, le dialogue pouvant également être complété par la distribution de tracts récapitulant les informations essentielles (consignes en vue de préparer une évacuation par exemple) ;
- la diffusion de courriels à un groupe de personnes dont l’émetteur détient les adresses électroniques ;
- le tocsin, sonnerie réalisée grâce aux cloches des églises.
Caractéristiques, atouts et limites des différents systèmes : voir tableau ci-contre
Les réseaux sociaux au service de l’alerte et de l’information, c’est possible ?
Techniquement oui, la généralisation des équipements informatiques offrant désormais la possibilité à toute autorité de diffuser des messages qui ont de grandes chances d’atteindre une large part de la population. Car, de plus en plus, le réflexe du citoyen en quête de renseignements est de chercher des réponses sur Internet. Cet outil permet en outre une diffusion très rapide de l’information.
L’utilisation des réseaux sociaux pour communiquer des informations officielles en période de crise se développe d’ailleurs dans certains pays. Aux Etats-Unis par exemple, lors du passage de l’ouragan Sandy en octobre 2012, les autorités ont délivré par ce biais des informations précieuses sur l’état des réseaux (routes fermées, zones privées d’électricité, etc.), les consignes de sécurité, les numéros à appeler pour obtenir ou fournir des informations, etc.
En France, les réseaux sociaux ne sont pas reconnus comme un moyen d’alerte et d’information à part entière. Ceci tient en partie au fait qu’il s’agit d’une problématique récente pour laquelle on ne dispose pas d’un recul et de retours d’expérience suffisants pour cadrer clairement leur utilisation en période de crise.
Quelques collectivités commencent toutefois à utiliser ces puissants outils de communication pour adresser des messages à la population en cas d’évènement. C’est par exemple le cas de Nice et de Fos-sur-Mer, mais les exemples restent rares.
Il y a fort à parier qu’à l’avenir ces pratiques se multiplient. Mais il faut garder à l’esprit qu’Internet constitue un moyen d’information plus que d’alerte (pas de caractère intrusif, population difficilement ciblée) et qu’il ne saurait donc en aucune manière remplacer les systèmes d’alerte et d’information existants, mais plutôt venir en complément.
|
|