| Quels systèmes pour ma commune ? |
Pour mettre en place un dispositif d’alerte et d’information adapté à sa commune, il faut avant tout estimer la pertinence des différents systèmes au regard des besoins et moyens du territoire, puis réfléchir à la manière dont ils peuvent se compléter en vue d’atteindre une population aussi large que possible. Les critères à étudier - Capacité à alerter la population
Il s’agit d’estimer la capacité des différents systèmes à la fois à interpeler les personnes (détourner leur attention des activités auxquelles elles sont occupées) et à émettre un signal qui soit associé à la notion de danger. Par exemple, les sirènes d’un site industriel Seveso, lorsqu’elles retentissent en dehors des périodes de test, sont immédiatement perçues par les riverains et reconnues comme constituant un signal d’alerte.
Cet aspect (connaissance du signal et de sa signification) est par ailleurs étroitement lié à la sensibilisation des populations menée en amont.
- Capacité à informer la population
Elle est estimée : - d’une part selon la quantité de personne que le système peut en théorie atteindre : par exemple la diffusion d’un message sur les téléphones fixes et portables par un automate d’appel touche a priori plus d’habitants que dans le cas d’un affichage sur un panneau à message variable qui ne peut être vu que par les personnes passant à proximité ;
- d’autre part en fonction du contenu du message, qui dépend de sa longueur autorisée (les messages écrits pouvant selon les systèmes être limités en nombre de caractères).
Précisons que la longueur du message varie aussi selon la nature des informations à faire passer : par exemple, en phase d’alerte un message doit être court et efficace (conseils de comportement présentés de manière concise), mais les messages suivants pourront être plus longs afin notamment de donner des précisions sur l’évènement. - Qualité et performance du système
Il s’agit d’étudier sa capacité à émettre une diffusion immédiate (voir point suivant), à fonctionner en cas de réseaux neutralisés (électrique, téléphonique, routier), mais aussi les possibilités d’identifier l’autorité émettrice, d’avoir un acquittement de la bonne réception (voire compréhension) du message, etc. Ces aspects dépendent essentiellement des caractéristiques techniques du système. Cela comprend à la fois la rapidité avec laquelle le système peut être actionné (faut-il par exemple effectuer un réglage préalable ou peut-il être utilisé immédiatement ?) et le délai nécessaire pour une diffusion à l’ensemble des cibles visées (point non négligeable notamment dans le cas des ensembles mobiles d’alerte, le parcours des circuits d’alerte pouvant s’avérer assez long). Il est indispensable de connaître la portée des moyens d’alerte et, dans le cas de systèmes fixes (sirènes par exemple) ne pouvant couvrir l’ensemble d’un territoire, de localiser les zones blanches (non couvertes) afin de compléter la diffusion par d’autres moyens.
Il s’agit aussi d’estimer la capacité d’un système à sélectionner les cibles : permet-il uniquement une diffusion en masse ou est-il possible de communiquer à des destinataires définis et, si oui, sur quels critères (géographiques ou autres) ?
Enfin, le système a-t-il la capacité d’atteindre la population en différents lieux (selon que les personnes se trouvent à leur domicile, au travail, dans un commerce, dans la rue, en voiture, etc.) ?
- Facilité d’utilisation du système
Plus il y a de personnes capables d’utiliser le système, moins il y de risque de se retrouver dans l’incapacité d’agir en l’absence de la « personne ressource » (par exemple si le seul employé de mairie formé à l’utilisation du système d’appel en masse est absente), ou même en attendant son arrivée : en cas d’évènement en dehors des heures ouvrables, il est capital que les premières personnes mobilisées puissent diffuser l’alerte au plus vite.
Dans cette optique, il est d’ailleurs indispensable d’intégrer au PCS des fiches pratiques présentant la marche à suivre pour utiliser les différents systèmes d’alerte et d’information.
- Capacité à fonctionner en mode dégradé
La plupart des moyens d’alerte et d’information fonctionne grâce à l’électricité et/ou au téléphone. Il est conseillé de réfléchir en amont à la capacité des systèmes à fonctionner en mode dégradé et de prévoir si besoin des moyens alternatifs (haut-parleurs, porte-à-porte) pour assurer une diffusion aussi large que possible. - Pertinence du système au regard des risques identifiés
L’utilisation de l’Ensemble Mobile d’Alerte (EMA) poussant les habitants à sortir de chez eux pour écouter le message diffusé est par exemple à proscrire en cas de nuage toxique entraînant un ordre de confinement. - Part et caractéristiques de la population qui ne recevra pas l’alerte
La nature du signal ou du message, ou encore le vecteur de diffusion, excluent systématiquement une certaine catégorie de population : l’alerte par téléphone n’atteint pas les personnes non équipées, le signal émis par une sirène n’est pas perceptible par les personnes sourdes, etc.
Les coûts induits à la fois pour l’installation du système puis sa maintenance, voire son utilisation (facturation des appels et SMS émis dans le cas des automates d’appel), constituent un aspect important pour les collectivités, en particulier les communes avec peu ressources.
Le budget alloué aux moyens d’alerte doit être en équilibre avec les besoins. Par exemple, l’investissement dans une sirène fixe n’est pas nécessairement justifié sur un territoire soumis uniquement à des risques diffus et aléatoires (tempête ou transport de matières dangereuses par route). A l’inverse, une collectivité où d’importants risques sont identifiés (présence d’établissements Seveso seuil haut, etc.) doit s’équiper de systèmes d’alerte à la hauteur du danger présent pour la population.
D’autres limites peuvent apparaître, selon les caractéristiques des populations et du territoire considérés.
Combiner pour mieux alerter ! Parce qu’aucun système ne permet d’atteindre la totalité de la population, il est nécessaire de multiplier les canaux de diffusion pour qu’un maximum de personnes soit touché. Il faut donc étudier la manière de mettre en cohérence les différents systèmes dont on dispose, en tentant de compenser les points faibles des uns grâce aux caractéristiques des autres (notamment en combinant moyens de diffusion massive et ciblée, moyens d’alerte et moyens d’information, etc.). La mise en place sur sa commune d’un système d’alerte et d’information complet, cohérent et opérationnel repose sur ces préconisations tout autant que sur la nécessité de former et entraîner régulièrement les membres du PCS à l’utilisation des différents systèmes, de consigner les procédures par écrit dans le document opérationnel et de tester périodiquement le matériel |
|