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| Le lit de l'Isère autrefois |
La forme actuelle du lit de l’Isère résulte de l’endiguement forcené que son cours a subi pendant un siècle et demi. Auparavant, l’Isère occupait une large part du fond de la vallée dans la Combe de Savoie et le Grésivaudan. On appelait « tresses », les nombreux bras de la rivière qui se déplaçaient et s’enchevêtraient sur plusieurs centaines de mètres de large. Le géographe Raoul Blanchard (1877-1965), décrivait ainsi le cours tressé de l’Isère :
« Tout au long de son parcours, depuis Albertville, en amont, jusqu’à l’entrée du défilé où la rivière s’enfonce dans la molasse de l’avant pays à Saint Gervais, soit sur un ruban de 120 km de long (pour 4 à 5 km de large), l’Isère, avant les endiguements contemporains était un dédale d’îles et de bras, un monde perpétuellement changeant de brassières entrecroisées aux formes vagabondes et d’îles de graviers et de boues plantées de vernes et de broussailles. Aucun passage permanent ne pouvait être organisé et maintenu à travers ce dédale. En un seul secteur de ce labyrinthe, la rivière se trouvait disciplinée et maîtrisée par l’amas de matériaux que jette dans son talweg* le Drac. L’énorme cône de déjection, qu’il a arrondi de Gières à Sassenage, a opposé son front aux divagations de la rivière du Grésivaudan, l’a repoussé contre la rive droite et obligée à se faufiler le long du rocher (sur lequel est bâtie la Bastille) ».
Aux tresses succédaient les méandres qui donnaient à la rivière une allure de « serpent », image que la tradition a longtemps colportée. L’endiguement de l’Isère a débuté suite à plusieurs crues dévastatrices, avec des projets de plus en plus vastes au cours du 19ème et du 20ème siècle. Ces aménagements, qui ont permis de gagner des terres agricoles et de protéger, en partie, les populations contre les crues, ont donné à la rivière l’aspect linéaire qu’elle a aujourd’hui. Nous sommes face a un cours d’eau complètement artificialisé !
Le lit de l'Isère endigué trace droit aujourd'hui dans la vallée. Plus de tresses, plus de chenaux multiples. Un lit unique censé pouvoir faire transiter la crue bicentennale. |