| Les causes d'une rupture de barrage |
Chaque barrage est calibré pour supporter une quantité d’eau – et donc une pression – donnée. Sur un ouvrage en bon état, la rupture se produit lorsque cette valeur est dépassée. Les structures fragilisées peuvent en revanche céder avant que la pression ne soit à son maximum.
En cas de trop plein, le dispositif de vidange permet d’évacuer un partie des eaux afin de diminuer la pression. Mais les événements se déroulent parfois trop vite pour permettre cette évacuation progressive. La pression peut ainsi devenir insupportable si une grande quantité parvient en peu de temps dans la retenue, par exemple si autre barrage cède en amont ou si on assiste à une crue d’intensité supérieure à la crue maximale pour laquelle l’ouvrage est calibré (cette crue de projet a une période de retour généralement comprise entre 1 000 et 10 000 ans).
Les mouvements de terrain de grande ampleur constituent également un facteur de risque. S'il y a glissement de terrain ou éboulement :
- au niveau du corps du réservoir, les fondations peuvent être déstabilisées et l'ouvrage ne répondra plus de la même manière à la pression qu'il subit,
- au-dessus de la retenue, la pression augmente subitement lorsque les matériaux se retrouvent dans le lac ; une vague peut par ailleurs se former et submerger l’ouvrage.
Les séismes sont également à prendre en compte. Les barrages sont conçus pour résister aux vibrations du sol : elles ne suffisent donc pas à les faire céder, mais peuvent contribuer à les fragiliser.
Mais une rupture de barrage n'est pas forcément imputable aux forces de la nature. Elle peut aussi être provoquée si un dysfonctionnement technique empêche d'évacuer correctement les eaux, à cause d'une erreur de conception ou de la détérioration de l'ouvrage par manque d'entretien.
Enfin, les ouvrages en dur peuvent être affectés par des « maladies du béton », comme l’alacali-réaction (barrage du Chambon, Isère) et la réaction sulfatique (barrage du Bimont, Bouches-du-Rhône). Ces deux problèmes aux causes bien distinctes se traduisent par un gonflement du béton entraînant une fissuration et donc une perte de résistance de la structure.
Les causes possibles de rupture et de fragilisation des ouvrages sont donc nombreuses et variées. Les facteurs naturels sont pris en considération lors de la conception des barrages, de sorte qu’ils puissent résister à tous les phénomènes susceptibles de survenir à l'endroit où ils seront implantés.
Quant à l'entretien et au contrôle des ouvrages, ils sont encadrés par une réglementation stricte, renforcée en 2007 avec le décret 2007-1735 relatif à la sécurité des ouvrages hydrauliques et aux recommandations du Comité Technique Permanent des Barrages et des Ouvrages Hydrauliques (CTPBOH), que chaque exploitant est tenu de respecter.
Barrages et séismes
La sismicité du site est prise en compte lors de la conception d'un barrage de manière à ce qu'il puisse résister au plus puissant séisme susceptible de survenir dans le secteur.
Des mesures complémentaires ont été prises pour les ouvrages de production hydro-électrique : EDF a passé une convention avec l'université Louis Pasteur de Strasbourg qui exploite le Réseau National de Surveillance Sismique (RENASS). Il s’agit d’une fédération des réseaux régionaux de surveillance sismique.
Quand un séisme de magnitude supérieure à 4 se produit, le RENASS avertit EDF dans les 90 minutes. Les exploitants de barrages situés là où des secousses ont été mesurées sont à leur tour contactés et tenus d’effectuer une visite de contrôle sur leur site.
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