| Des versants impossibles à stabiliser |
Diverses techniques de génie civil et biologique existent pour réduire les risques en agissant sur les versants et l’hydrologie. Mais il semble que bien souvent les glissements du Trièves et du Beaumont affectent des surfaces trop importantes et se déclenchent à des profondeurs trop élevées pour parvenir à les stabiliser complètement.
Drainer pour réduire la pression interstitielle
Le drainage, qu’il s’effectue en surface ou dans le sol, consiste à capter et à dériver les eaux en dehors des zones de glissements. Il a pour objectif de diminuer la teneur en eau du sol grâce à l’interception des écoulements et au rebattement de la nappe phréatique, puisque son niveau s’abaisse lorsque son alimentation en eau diminue. Cela permet donc de réduire la pression interstitielle qui s’exerce dans le sol et qui, rappelons le, joue un rôle central dans la déstabilisation des terrains argileux.
Les méthodes retenues pour le drainage et leur mise en œuvre doivent être adaptées aux caractéristiques des sols, et le dispositif doit être entretenu régulièrement. Dans ces conditions, le drainage de surface s’avère très efficace sur les terrains qui sont alimentés uniquement par les eaux de pluies qui leur parviennent directement (c’est-à-dire en l’absence d’écoulements souterrains).
Mais lorsqu’il s’agit de capter l’eau en profondeur, les méthodes classiques (fossés, tranchées et éperons drainants) peuvent vite s’avérer inadaptées car on ne peut mettre en place de tels dispositifs que dans les premiers mètres du sol. Ils ne permettent pas d’essorer les terrains où l’on trouve une nappe phréatique ou des fissures gorgées d’eau situées à dix mètres de profondeur ou plus, comme c’est souvent le cas dans le Trièves et le Beaumont. Le recours à des techniques spécifiques telles que les drains subhorizontaux et les drains verticaux avec pompage, est beaucoup plus onéreux et n’est donc envisagée que dans des cas très particuliers.
Sur les glissements très actifs, un autre problème se pose : les installations de drainage et de dérivation des eaux peuvent être endommagées et emportées. C’est ce qui s’est produit dans la combe de l’Harmalière, à Sinard, où les buses en béton se sont rompues lors de la réactivation du glissement de 2001, provoquant la réalimentation en eau du glissement.
Reboiser pour augmenter la cohérence du sol
Les forêts interceptent les eaux de pluie, contribuant à diminuer les volumes et les vitesses d’écoulements sur les versants. Mais si la végétalisation des sols peut jouer parfois un rôle significatif sur la réduction du risque inondation en atténuant les crues, elle ne permet pas de stabiliser réellement des versants affectés par des glissements profonds.
En revanche, les racines des végétaux ont pour effet d’ancrer le sol dans les quelques premiers mètres : la présence d’une forêt, régulièrement entretenue et renouvelée, peut donc contribuer à stabiliser des glissements superficiels. Mais là encore, les surfaces de cisaillement dans le Trièves-Beaumont sont généralement trop profondes pour cela.
A titre d’exemple, l’État a entrepris à la fin du XIXe siècle le reboisement de secteurs instables, alors cultivés, de la combe de l’Harmalière. Mais les résultats escomptés n’ont pas été obtenus puisqu’un glissement d’ensemble a emporté cinquante hectares de terrain en 1981 (et s’est d’ailleurs réactivé depuis à plusieurs reprises), y compris dans les zones boisées.
Corriger les cours d’eau pour maintenir une butée de pied
La correction torrentielle peut venir compléter les autres mesures de stabilisation des versants lorsqu’ils sont bordés en aval par un cours d’eau. L’objectif est de limiter l’action érosive des écoulements sur les berges, pour éviter que leur sapement n’entraîne l’effondrement du pied de versant, puisque celui-ci peut assurer en partie la stabilité de la masse située en amont.
Dans cette optique, il est possible de buser les écoulements pour permettre à des débits très élevés de s’écouler sans conséquences sur les rives ou, si cela suffit, d’installer des seuils visant à réduire la puissance des écoulements et donc leur action érosive.
De telles techniques ont été retenues et appliquées à plusieurs ruisseaux du Trièves et du Beaumont, comme le Chapotet à Monestier-du-Percy, la Salle à la Salle-en-Beaumont, la Sézia à Corps, etc.
Dans tous les cas, et même lorsque les mesures prises montrent une certaine efficacité, les glissements sont au mieux ralentis, mais il semble qu’aucune technique ne puisse stabiliser totalement les versants en mouvement du Trièves et du Beaumont. |