Mémoire & retour d’expérience | Risque nucléaire
Suite à l’accident de Fukushima, la diète nationale japonaise (le parlement) a voté le 30 octobre 2011, une loi créant une commission d’enquête indépendante avec pour mandat de rechercher les causes de la catastrophe nucléaire de Fukushima, les dommages qui en découlent et sur l’efficacité de l’intervention d’urgence.
Le résumé du rapport officiel de la commission a été publié en anglais par la Diète le 5 juillet 2012. Depuis le 16 octobre 2012, la traduction anglaise de la totalité du rapport a été mise sur internet (http://fukushima.over-blog.fr/).
Le résumé du rapport a été traduit en Français et le texte suivant tente d’en tirer les points principaux.
Tout d’abord, dans son message introductif, le Président de la commission pointe les spécificités de la culture japonaise, causes de base du désastre :
« les raisons fondamentales du (désastre) sont à rechercher dans le soucis des convenances qui fait partie intégrante de la culture japonaise : notre obéissance automatique, notre réticence à remettre en cause l’autorité, notre attachement au respect du programme, notre attachement au groupe et notre insularité. Si d’autres japonais s’étaient trouvés à la place de ceux qui sont responsables de l’accident, le résultat aurait fort bien pu être le même ».
La commission a procédé à l’audition de 1 167 personnes, a effectué 9 visites dans des centrales électronucléaires japonaises dont celles de Fukushima. Des réunions de la commission ont été ouvertes au public et diffusées sur internet en japonais et en anglais. Les médias sociaux Facebook et Twitter ont été utilisés pour communiquer et ont reçu 170 000 commentaires. D’autre part, des équipes mandatées par la commission se sont rendu à l’étranger et ont eu des entretiens avec les expertsdes USA, de France, de Russie, d’Ukraine et de Biélorussie.
Les conclusions principales de l’enquête peuvent être résumées de la façon suivante :
« L’accident de Fukushima a été le résultat d’une collusion entre le gouvernement, les organismes de réglementation, et TEPCO (l’exploitant des centrales) et de la gestion défectueuse des dites parties. Celles-ci ont effectivement trahi le droit de la nation à vivre à l’abri d’accidents nucléaires. Par conséquent, nous concluons que l’accident était clairement d’origine humaine. Nous croyons que les causes profondes étaient les systèmes organisationnels et réglementaires qui ont couvert des décisions et des actions erronées, plutôt que des questions relatives à la compétence d’un individu particulier ».
« Les causes directes de l’accident étaient toutes prévisibles avant le 11 mars 2011 »
« Depuis 2006, les régulateurs (inspecteurs) et Tepco, étaient conscients du risque de panne totale d’électricité à la centrale de Fukushima-Daiichi si un tsunami devait atteindre le niveau du site. Ils étaient également conscients du risque d’endommagement du cœur du réacteur par la perte du refroidissement à l’eau de mer dans le cas d’un tsunami plus fort que celui qui avait été prévu. La NISA (agence de sécurité industrielle et nucléaire, organisme gouvernemental de réglementation) savait que TEPCO n’avait pas envisagé de mesures pour atténuer ou éliminer le risque, mais avait omis de fournir les instructions spécifiques pour remédier à la situation »
« L’accident s’est produit parce que TEPCO n’avait pas pris ces mesures et que la NISA et la commission de sécurité nucléaire NSC (organisme administratif gouvernemental qui supervise les régulateurs et les opérateurs) n’ont pas réagi. Ils on aussi, intentionnellement, reporté la mise en place des mesures de sécurité ou pris des décisions basées sur l’intérêt de leur organisation et n’ont pas agi dans l’intérêt de la sécurité publique »
La commission indique : « l’accident a été trop rapidement attribué au seul tsunami, alors que le séisme a probablement endommagé l’équipement nécessaire pour assurer la sécurité ».
La commission a conclu qu’il y avait eu des problèmes organisationnels au sein de TEPCO : « nous avons conclu, étant donné les lacunes dans la formation et la préparation ( procédures permettant de répondre à un accident grave), qu’une fois que la panne totale est survenue, impliquant entre autres, la perte de toute source d’alimentation électrique directe, il était impossible de changer le cours des événements ».
- « La commission a conclu que la situation a continué à se détériorer parce que le système de gestion de crise du Kantei (cabinet du Premier Ministre), des régulateurs et d’autres organismes responsables n’ont pas fonctionné correctement. Les limites définissant les rôles et les responsabilités des uns et des autres étaient problématiques en raison de leurs propres ambiguïtés »
- « Le Premier Ministre s’est rendu sur le site pour diriger les travailleurs qui s’occupaient du cœur endommagé. Cette intervention directe et sans précédent du Kantei a détourné l’attention et le temps du personnel opérationnel sur place et semé le désordre dans la ligne de commande hiérarchique »
- « La gestion de crise ayant trait à la sécurité publique devrait être assurée sans avoir à compter sur la capacité et le jugement du Premier Ministre »
« La commission conclut que la confusion dans l’évacuation des résidents découle de la négligence des régulateurs et de l’échec persistant à mettre en œuvre les mesures adéquates contre une catastrophe nucléaire, ainsi qu’un manque d’action des gouvernements précédents et des régulateurs sur la gestion de crises… »
- « Environ 150 000 personnes ont été évacuées. On estime que 167 travailleurs ont été exposés à des doses de plus de 100 millisievert. Près de 1 800 Km2 de terres dans la préfecture de Fukushima auraient été contaminées par une dose de rayonnement cumulée de 5 millisievert ou plus par an »
- « Les défauts de la planification de l’évacuation ont conduit de nombreux résidents à recevoir une exposition inutile aux rayonnements . D’autres ont été forcés de se déplacer à plusieurs reprises ce qui a entraîné une augmentation du stress et des risques pour la santé incluant des décès chez les patients gravement malades ».
Le rapport se termine par sept recommandations portant eux-mêmes sur trois axes de réforme :
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