VOS QUESTIONS !

1 Est-on sûr que la montagne s’effondrera un jour ?
2 Pourquoi ne peut-on pas prévoir de manière précise l'échéance d’un éboulement à long terme ?
3 Habitant d’une des communes concernée par le risque Séchilienne, comment serais-je averti de la chute imminente des Ruines ?
4 Pourquoi ne pas « faire sauter » Séchilienne ?
5 Si un barrage se formait à la suite d'un éboulement, pourquoi la galerie hydraulique actuelle ne pourrait suffire à évacuer les eaux ?
6 Si à la suite d’un éboulement des rochers venaient obstruer le fond de vallée, pourquoi ne pourrait-on pas simplement les déblayer pour éviter la formation d’un lac ?
7 Et pourquoi ne pas pomper l'eau qui s'accumulerait derrière le barrage formé par l'éboulement ?
8 Pourquoi ne pas couvrir la Romanche dans son lit actuel ?
9 Un événement majeur sur les Ruines pourrait-il avoir des conséquences sur le réseau d’eau potable ?
10 Des événements comparables au scénario catastrophe initialement envisagé à Séchilienne se sont-ils déjà produits par le passé ?


Est-on sûr que la montagne s’effondrera un jour ?

Selon les experts, « le massif bouge et certains mouvements sont perceptibles à notre échelle de temps. La rupture du massif est inéluctable ». Aucune certitude en revanche en ce qui concerne la date de cet éboulement, son volume et son mode de déroulement.
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Pourquoi ne peut-on pas prévoir de manière précise l'échéance d’un éboulement à long terme ?

D’abord parce que le mouvement ininterrompu et régulier qui affecte le versant constitue un "casse-tête scientifique" qui dépasse les limites de la connaissance actuelle. Ensuite parce que les accélérations ponctuelles de ces mouvements sont largement conditionnées par les conditions météorologiques, et en particulier les effets du dégel et de la pluie qui agissent directement sur les fractures (le massif ne contenant ni source, ni ruisseau, les eaux s’infiltrent dans le réseau des fractures puis s’enfoncent en profondeur). Processus général d’évolution mal compris et facteurs d’accélération imprévisibles : il existe donc trop d'inconnues pour que les experts soient en mesure d’établir des perspectives d’évolution précises.
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Habitant d’une des communes concernée par le risque Séchilienne, comment serais-je averti de la chute imminente des Ruines ?

Conformément aux mesures prévues par le Plan de Secours Spécialisé, en cas d'une détection de mouvements anormaux laissant présager d'un éboulement imminent, le SIDPC (Service Interministériel de Défense et de Protection Civiles) de la préfecture de l'Isère serait immédiatement prévenu. Le préfet transmettrait l’alerte aux maires des huit communes désignées par le PSS, qui mettraient en œuvre les dispositifs d’alerte à la population prévus par leurs Plans Communaux de Sauvegarde respectifs. A Vizille par exemple, les habitants seraient avertis par la sirène d'alerte des risques majeurs et par la diffusion d’un message depuis des haut-parleurs placés sur les véhicules municipaux.

A noter que le délai d’anticipation serait de 2 à 5 jours avant la chute.
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Pourquoi ne pas « faire sauter » Séchilienne ?

Une telle solution d'abattage contrôlé consisterait à terrasser (principalement à l'explosif) une partie du versant instable de façon à éliminer l'aléa géologique majeur (et donc l'aléa hydraulique).

Cette solution a été étudiée de façon précise par le BRGM et le LCPC.
Les principales conclusions de l'étude sont les suivantes :

  • les purges sont pratiquées assez couramment pour résoudre un problème d'instabilité de volume limité (quelques m³ à quelques milliers de m³) et bien individualisé et, même dans ces conditions, ne sont pas toujours couronnées de succès,

  • à Séchilienne, ces conditions ne sont pas remplies ; il faudrait enlever au moins 8 à 10 millions de m³ pour avoir un résultat, et la méconnaissance du site et du mécanisme réel de sa déformation rend très aléatoire le bilan de l'opération,

  • les impacts environnementaux potentiels seraient non négligeables : stockage des déblais ? impact paysager ? impact hydrogéologique ?



Les contraintes de site (relief, sécurité, etc.) font que l'on se trouverait dans des conditions de chantier très difficiles, en première approche, la durée des travaux serait de plusieurs années et le coût se situerait entre 50 et 100 millions d’euros. Il serait par ailleurs probablement indispensable de prévoir une déviation routière.

Les solutions reposant sur une « purge » du versant par abattage contrôlé n'apparaissent donc pas réalistes.
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Si un barrage se formait à la suite d'un éboulement, pourquoi la galerie hydraulique actuelle ne pourrait suffire à évacuer les eaux ?

L'objectif de la galerie est de maintenir l’écoulement de l’eau après la formation d'un éventuel barrage naturel provoqué par un éboulement. Mais sa capacité d'évacuation n'est que de 50 m³ d'eau par seconde, soit 500 m³/s de moins que le débit de la Romanche en crue centennale.
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Si à la suite d’un éboulement des rochers venaient obstruer le fond de vallée, pourquoi ne pourrait-on pas simplement les déblayer pour éviter la formation d’un lac ?

D’une part parce que les risques résiduels après éboulement partiel ou total de la zone frontale seraient probablement importants, mais aussi et surtout parce le volume annoncé serait de toute façon beaucoup trop important : 3 millions de m³ correspondent à 7 millions de tonnes de roches !

Pour illustrer : le déblaiement des 200 tonnes de rochers tombés sur la RN91 le 24 janvier 2004 avait nécessité la coupure de la route pendant deux jours puis la mise en alternance de la circulation pendant 11 jours. Et 7 millions de tonnes, c’est 35 000 fois cet éboulement !
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Et pourquoi ne pas pomper l'eau qui s'accumulerait derrière le barrage formé par l'éboulement ?

Cela exigerait des moyens techniques totalement irréalistes : les débits à évacuer apportés par la Romanche pourraient aller jusqu’à 550 m³/s (crue centennale), alors que des installations de pompage mobiles même très puissantes n'évacueraient que des volumes de l'ordre de quelques m³/s à quelques dizaines de m³/s.
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Pourquoi ne pas couvrir la Romanche dans son lit actuel ?

Cette solution n’apparaît pas réaliste aux yeux des spécialistes consultés par la mission. En effet, les efforts mécaniques résultant de l'impact d'un éboulement pouvant atteindre plusieurs millions de m³ ayant son origine plusieurs centaines de mètres plus haut, seraient gigantesques, et les ouvrages de protection correspondants ne sont pas réalisables dans l'état actuel des techniques. La seule solution raisonnable est donc de prévoir une dérivation temporaire du lit de la Romanche dans un tunnel foré en rive gauche.
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Un événement majeur sur les Ruines pourrait-il avoir des conséquences sur le réseau d’eau potable ?

Le SIERG (Syndicat Intercommunal des eaux de la Région Grenobloise) puise l’eau à Saint-Pierre-de-Mésage et à Vizille pour alimenter 250 000 personnes par jour. Pour la ville de Grenoble, l’eau est puisée la confluence du Drac et de La Romanche, à deux pas de Champ-sur-Drac.

Après un éboulement, il pourrait se produire, par ensablement et colmatage des champs captant, un arrêt du pompage du SIERG pour une période plus ou moins longue. Suite au débordement de la Romanche sur le lit du Drac et en cas d’inondation d’établissements industriels, les eaux seraient polluées et deviendrait impropres à la consommation.

A l’heure actuelle, les seules mesures de parade seraient de puiser l’eau en amont des Ruines de Séchilienne et dans le lit supérieur du Drac.
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Des événements comparables au scénario catastrophe initialement envisagé à Séchilienne se sont-ils déjà produits par le passé ?

La vallée de la Romanche a été plusieurs fois le siège de catastrophes.
La plus célèbre d’entre elles est la catastrophe du lac Saint-Laurent : en 1191, à la suite de fortes pluies dans l’Oisans et d’un éboulement barrant le cours de la Romanche, un grand lac (15 km de long) s’est formé en aval de Bourg-d’Oisans (alors appelé Saint-Laurent).
Le barrage s’est rompu près de 30 ans plus tard, le 14 septembre 1219, provoquant une vague déferlante qui a tout balayé sur son passage et noyé Grenoble, dont la moitié de la population a péri ; l’Isère a reflué jusqu’à Montbonnot. L’année suivante, l’évêque a inauguré un pèlerinage expiatoire à la colline de Parménie, près de Beaucroissant. La nécessité de restaurer les pèlerins a entraîné la création d’un marché, à l’origine de la célèbre foire actuelle. Le musée de la Romanche possède des maquettes expliquant le phénomène.

On peut également évoquer l’événement de Grossgufer en Suisse : en 1991, un éboulement de près de 30 millions de m³ a eu lieu à proximité du village de Randa (à 10 km de Zermatt). La vallée de Zermatt a été prise dans un épais nuage de poussière, qui s’est ensuite déposée sur le sol. L’éboulement s’est produit en deux phases :

  • l’écroulement du 18 avril a provoqué une secousse semblable à un séisme de magnitude 3 sur l’échelle de Richter. Les matériaux ont recouvert la rivière Vispa, une partie d’un hameau de villégiature (inoccupé au moment de l’événement) et la voie de chemin de fer Visp-Zermatt sur plusieurs centaines de mètres ;

  • le 9 mai, 10 millions de m³ supplémentaire se sont détachés, venant recouvrir tout le hameau et une plus grande portion de la voie ferrée. Obstruée, la rivière Vispa a formé un lac qui a inondé une partie du village de Randa.



L’ensemble des dommages s’est élevé à environ 80 millions de francs suisses. Dès la première phase de l’écroulement, un système d’observation a été installé.
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