L'ONERC, Observatoire National sur les Effets du Réchauffement Climatique, propose en téléchargement sur le site Internet du Pôle Grenoblois d'Etudes et de Recherche pour la Prévention des Risques Naturels, un rapport technique abondamment illustré, réalisé en partenariat avec la région Rhône-Alpes et le PGRN, dans le cadre du projet ClimChAlp (2006-2008) : "Changement climatique, impacts et stratégies d'adaptation dans l'Espace Alpin".
Ce projet regroupe 22 partenaires, essentiellement les autorités publiques régionales et nationales, des 7 pays alpins. Il s'est déroulé entre avril 2006 et mars 2008. Son contenu est basé sur des publications et des modélisations concernant les changements climatiques dans les Alpes ainsi que les impacts observés et potentiels.
Selon les travaux, il est évident que les changements climatiques auront une influence sur les systèmes naturels dans les Alpes : évolution des températures, variation des précipitations, recul des glaciers, irrégularité de l'enneigement, modification de la physiologie des plantes.
Quels sont et quels seraient les impacts du changement climatique sur les aléas naturels dans les Alpes ?
Dans les Alpes, une augmentation de la fréquence des crues « extrêmes » a été enregistrée au cours des 20
dernières années par rapport à la moyenne du 20e siècle. Il a été également observé une augmentation des débits estivaux pour les rivières alimentées par des glaciers, en lien avec une fonte accrue des glaciers en été.
L’augmentation des précipitations hivernales simulée par les modèles et la réduction de l’effet tampon du couvert neigeux (liée à l’élévation altitudinale de la limite pluie/neige) devraient conduire à une
augmentation des crues hivernales à la fois en terme d’intensité et de fréquence.
D'autre part, l’intensité des crues de fonte printanière devrait être réduite en raison d’une fonte plus graduelle d’un manteau neigeux réduit.
D'une manière générale, les étiages et même les sécheresses devraient être plus fréquents pendant l'été en raison des précipitations estivales réduites.
A plus long terme, une fois que les glaciers auront perdu une grande partie de leur volume (et/ou de leur surface) et, par là même, leur fonction de stockage de l’eau, les débits estivaux de ces rivières devraient
également diminuer.
Les études disponibles font état d'une diminution globale de la fréquence des laves torrentielles : une diminution significative a été observée depuis le milieu des années 1970 dans les Ecrins et le Dévoluy.
Leur saisonnalité s'est décalée de juin/juillet vers août/septembre, et leur altitude est remontée de plus de 100 m entre 1952 et 2000.
Aucune tendance n'a été modélisée mais il est recommandé aux décideurs et aux services techniques d'estimer l'évolution de certains sites en fonction des enjeux exposés. En particulier, les risques liés au domaine périglaciaire pourraient potentiellement connaître une augmentation de l'intensité des événements (même si de tels changements n'ont pas encore été observés).
Les espaces de haute montagne pourraient être plus propices aux laves torrentielles que par le passé en raison du démantèlement de certains glaciers rocheux.
Le rapport constate que le climat ne semble pas avoir évolué de manière suffisante pour influer sur l’activité avalancheuse.
Il semble difficile de définir l'évolution de l'activité avalancheuse. Toutefois, Météo-France et le Cemagref s'accordent à dire que la stabilité du manteau neigeux aurait tendance à augmenter lorsque le climat se réchauffe, la fraction d'instabilités de type "neige fraîche" ayant tendance à diminuer en raison de la remontée de la limite pluie/neige.
Un lien semble exister entre l'augmentation du nombre de glissements de terrain superficiels et les précipitations. De même, des impacts indirects via les feux de forêts et les tempêtes sont souvent mentionnés et observés localement, bien que ces observations soient limitées dans le temps et l’espace.
Le rapport préconise la (re)végétalisation progressive des versants afin de diminuer la fréquence des instabilités en améliorant la cohésion des matériaux.
En ce qui concerne les glissements de terrain profonds, aucun impact n'est observé actuellement. A l'avenir, certains pourraient réagir à une augmentation des précipitations par une accélération de leurs mouvements (en fonction du contexte local) et une augmentation de la fréquence des phases d'accélération. Il est probable qu'on assiste à une réactivation d'anciens glissements profonds plutôt qu'à une activation de nouveaux.
La fréquence des tempêtes a légèrement diminué entre 1950 et 2000. Les hypothèses sont contradictoires pour l'évolution de l'intensité et de la fréquence des tempêtes.
La canicule semble avoir un impact puisque de nombreux feux de forêts sont survenus au cours de l'été 2003, dans des massifs montagneux qui ne sont pas habituellement affectés par ce genre d'événements (tel que le massif de la Chartreuse).
On suppose que l'évolution du climat vers des conditions de sécheresse en été peut augmenter le risque de feux de forêts dans les massifs montagneux. Il est également fortement lié aux comportements humains et à la réglementation.
En conclusion des travaux, les changements du climat ont déjà et auront des conséquences, toutes les régions ne seront pas touchées de la même manière. Malgré l'incertitude, il est évident que les sociétés montagnardes devront faire face à une vulnérabilité climatique de plus en plus contraignante.
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