Cette séance qui s’est tenue à l’Hôtel de la Métropole de Lyon a réuni au cours de la journée, 145 participants sur les 180 inscrits avec la participation d’une cinquantaine d’élus locaux et au moins 80 % de représentants du territoire Auvergne Rhône-Alpes, attestant de sa réussite.
- L’objectif de la session était de tirer des enseignements des dispositifs de gestion de la sauvegarde au niveau local et de mettre en exergue les bonnes pratiques et outils garantissant leur caractère opérationnel. Les interventions de grande qualité (voir le programme ci-dessous et les supports de présentation), ponctuées par l’analyse du grand témoin de la journée, le Général François Vernoux, ont tenté de répondre à quatre grandes questions :
- Au regard des expériences du territoire 10 ans après l’institution réglementaire des Plans Communaux de Sauvegarde (PCS), quels outils et bonnes pratiques développer au niveau local avant, pendant et après la catastrophe ?
- Comment optimiser la coopération et la coordination locale concourant à la gestion opérationnelle d’une situation de crise, avec quels partenariats locaux dans un contexte de réorganisation des collectivités territoriales ?
- Face à la crise, comment saisir et préparer les acteurs locaux à utiliser les nouvelles technologies et les Médias Sociaux en Situation d’Urgence (MSGU) ?
- Que peut-on attendre des instances locales et nationales pour faire face aux menaces émergentes ?
Focus sur quelques échanges
10 ans après l’institution réglementaire des Plans Communaux de Sauvegarde (PCS) où en sommes-nous ?
Le PCS, institué par la loi n°2004–811 de modernisation de la sécurité civile du 13 août 2004 (repris dans le Code de la sécurité intérieure – Art. L731-3), est un outil opérationnel imposé au maire dans les communes dotées d’un PPR (Plan de Prévention des Risques) ou d’un PPI (Plan Particulier d’Intervention). Son élaboration consiste à améliorer la prévention et la gestion de crise et à apporter une réponse de proximité en cas d’événement de sécurité civile.
10 ans après l’institution des PCS, le Ministère de l’Intérieur dresse un bilan encourageant et mitigé à la fois. Sur 12 161 communes soumises à obligation, 8 900 ont réalisé un PCS soit un taux de généralisation de 73 %. Pourtant, leur caractère opérationnel reste encore à démontrer. Le manque de formation des responsables et décideurs locaux, les exercices qui peinent à se généraliser, ou encore les retours d’expérience qui ne sont pas réalisés suite à un évènement sont autant de facteurs qui expliquent la faible efficience des PCS. Au-delà de la gestion de crise induite par les PCS, le retour à la normale est très peu pris en compte alors qu’il représente un élément fondamental dans l’organisation post-accidentelle. Aujourd’hui, avec la réorganisation territoriale, les communes peuvent se regrouper et mutualiser leurs moyens. Les compétences des EPCI peuvent utilement être mobilisées en situation de crise pour favoriser la solidarité et l’entraide intercommunale.
Se préparer à faire face la crise : une question de management structurant au sein de la collectivité ?
Il est clairement apparu au fil des interventions que le niveau de préparation du facteur humain dans les dispositifs de gestion de la crise au niveau local était essentiel. La prise de décision est délicate face aux incertitudes liées à l’évolution d’une situation potentiellement dommageable qui se dégrade. Le temps est compté. Les technologies de l’information dans un tel contexte apportent indéniablement une valeur ajoutée pour anticiper et réagir de manière adaptée. Encore faut-il s’approprier les données disponibles qui proviennent notamment du terrain, les traiter et les analyser sans forcément avoir des experts sous la main. Cette réalité n’est pas simple pour les communes rurales sur lesquelles les élus sont en première ligne pour faire face à la crise. La connaissance par le maire et les élus des dispositifs de crise locaux existants est capitale. Il faut également connaitre les opérateurs du secours avec lesquels il va falloir se coordonner sur le terrain. Les exercices concourent précisément à préparer une réponse collective coordonnée. Là aussi, encore faut-il s’entrainer régulièrement…
L’engagement d’une véritable démarche de participation et de responsabilisation dans la collectivité à tous les niveaux impliquant les élus, le personnel communal mais aussi les acteurs locaux jusqu’au citoyen, semble donc être une condition nécessaire mais non suffisante pour maintenir dans le temps le caractère opérationnel des PCS établis. De plus en plus de grandes communes dédient un agent à plein temps à la gestion du PCS quand ce n’est pas une direction qui se voit officiellement missionnée pour gérer « les risques majeurs et la sécurité civile » à moins qu’elle ne soit créée de toute pièce. Les collectivités les plus avancées dans l’intégration de la gestion des risques majeurs en arrivent à réfléchir à des systèmes intégrés de gestion de la sécurité et des risques (SGS) du même ordre que les industriels Seveso seuil haut qui se sont vus imposer une telle approche, il y a quelques années sur leurs installations. Dans ce sens, la norme ISO 31 000 fournit des principes et des lignes directrices générales sur le management du risque qui peuvent utilement orienter les réflexions en la matière au sein des collectivités.
Les retours d’expérience présentés, notamment de la Croix-Rouge, ont clairement fait apparaître que le citoyen est un acteur majeur de la sécurité civile et le territoire vulnérable doit être en mesure de le mobiliser. Pouvoir compter sur le comportement de citoyens informés et responsables, préparés à affronter les risques par une connaissance des dangers et des consignes de prévention et de protection, et capable de s’intégrer utilement dans l’organisation de crise communale nécessite de mettre en place au niveau local une véritable politique d’éducation et d’information préventive durable dans le temps.
Mieux se préparer pour faire face à une crise
Comme le souligne le Général Vernoux, il est important de faire la distinction entre un exercice et un entraînement. L’entraînement doit être réalisé fréquemment et en interne dans le but de valider les acquis. L’exercice, quant à lui, vient mettre à l’épreuve les différentes compétences obtenues lors des entraînements. Ces explications mettent en lumière les difficultés que peuvent rencontrer les communes lors de la mise en place d’un exercice PCS. Le manque d’appropriation et la méconnaissance du rôle de chacun dans l’organisation de crise impliquent des dysfonctionnements notamment en termes de communication et de coordination. C’est pourquoi, il est primordial de s’entraîner régulièrement. Lors de la mise en œuvre des exercices locaux, la population et les acteurs économiques doivent être associés afin de les intégrer dans le processus de la gestion de la crise et de leur faire prendre conscience de leur vulnérabilité.
Les nouvelles technologies et les Médias Sociaux en gestion de l'Urgence (#MSGU) au service de l’information
L’information en temps réel et sa diffusion au plus grand nombre, notamment sur la dimension spécifique de l’alerte, demeurent un des éléments cruciaux en cas d’évènement majeur.
Les médias et les réseaux sociaux sont des modes de communication qui connaissent une expansion rapide et qui peuvent représenter une opportunité pour le domaine de la défense et de la sécurité civile en ce qui concerne la gestion des situations d'urgence et notamment la communication de crise voire comme outils d’aide à la mise en vigilance et à l’alerte. Les échanges dans la salle ont fait apparaitre que les médias sociaux doivent être utilisés par les acteurs du secours et de la sauvegarde de manière complémentaire avec les autres moyens de communication plus classiques et non isolément, comme un canal de communication privilégié à part, encourageant les institutions à être proactives et organisées sur ces réseaux pour éviter la propagation de rumeurs et de désinformations.
VISOV (Volontaires Internationaux en Soutien Opérationnel Virtuel) qui est intervenue est la première communauté francophone de volontaires numériques en situation d’urgence. Elle assiste les sinistrés via les réseaux sociaux en interface avec les autorités et fait de la communication sur les risques. Côté citoyens, le recours aux réseaux sociaux leur permet d’obtenir des renseignements en temps réel et être acteur de la diffusion d’informations.
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