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Présentation des résultats du projet OPALE

Publié le 9 juin 2009

Par Jean-Pierre Requillart

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Présentation des résultats du projet OPALE

A Villard d’Arène (05), les chercheurs impliqués dans le projet OPALE (Ouvrages de protection et bâtiments Pavillonnaires soumis à l’Action des avaLanchEs) ont présenté, mardi 9 juin 2009, les résultats de leurs travaux à leurs partenaires et aux gestionnaires territoriaux des risques (Conseils Généraux, services RTM, ANENA, stations, …)

Ce programme de recherche appliquée, financé notamment par l’ANR (Agence nationale de la Recherche) avec le soutien de la structure fédérative RNVO (Risques Naturels et Vulnérabilité des Ouvrages) et le Pôle Grenoblois de recherche sur les risques naturels, s’est déroulé sur 3 ans dans le cadre d’un partenariat entre CNRS-UJF-INPG-L3SR, Cemagref-ETNA, UniversitéSavoie-LOCIE, Cete-Lyon, SLFDavos (Suisse), Tonnello-IC, Freyssinnet et GivryArchitecte.

 

Son originalité consiste à aborder, à partir de mesures de terrain et de modèles en laboratoire, la problématique de l’interaction entre un écoulement avalancheux et un obstacle (galerie paravalanche, construction). Divers volets ont pu ainsi être étudiés :

  • les données obtenues sur les sites expérimentaux de la Sionne (SLFDavos) et du Lautaret ont montré, outre le caractère oscillatoire du phénomène, que le coefficient de proportionnalité entre la force d’impact sur un obstacle et l’énergie cinétique d’une avalanche coulante est, dans la zone de ralentissement de celle-ci, beaucoup plus élevé que celui observé dans la partie rapide de la trajectoire (ce dernier étant utilisé jusqu’à présent en matière de zonage ou de dimensionnement …) ; une loi d’échelle a pu être dégagée grâce aux données de terrain actuellement disponibles (même si elles sont limitées) et introduite dans les outils de modélisation du Cemagref relatifs à la propagation des avalanches ;
  • par des expériences en laboratoire ainsi que par des mesures au Lautaret, ont été précisées les efforts tangentiels sur une galerie paravalanches ; à noter qu’à partir de leurs propres mesures, les Suisses ont en 2007 modifié leurs normes pour les galeries ;
  • un outil de modélisation destiné à prendre en compte l’interaction entre un écoulement et un obstacle pour un matériau de type granulaire (valable donc également pour les laves torrentielles) a été validé à ce jour en régime permanent et est en cours de mise au point pour un régime transitoire (à noter que pour 7 000 particules, une validation nécessite 270 heures de calcul !) ;
  • une méthodologie pour apprécier la vulnérabilité d’ouvrages de type galerie paravalanche a été établie ;
  • enfin, un outil informatique a été développé pour permettre un diagnostic rapide sur la vulnérabilité d’ouvrages maçonnés en fonction des données introduites quant aux caractéristiques de l’avalanche (en particulier, évolution de la pression en fonction du temps).

Un manuel sur les ouvrages destiné aux services opérationnels et aux maîtres d’ouvrage reprenant notamment les résultats de ces recherches est en voie de finalisation et devrait être prochainement disponible.

Il est par ailleurs ressorti des débats la nécessité que soient parallèlement précisées par l’Etat les règles à appliquer en matière de :

  • zonage : délimitation des niveaux d’aléas selon les caractéristiques intrinsèques de l’avalanche (pression dynamique interne) ou selon son impact sur un ouvrage-type prédéterminé (pression dynamique d’impact) et seuils correspondants ;
  • dimensionnement : modalités de calcul aux états limites (à l’ELS, à l’ELU normal ou à l’ELU accidentel ?), compte tenu des implications en matière de sécurité, de coût de construction et de CATNAT éventuelle ; prise en compte ou non du phénomène oscillatoire (risque possible de mise en résonance pour les bâtiments ).

L’après-midi est consacré à la visite expérimentale du site du Lautaret installé dans les années 1970 par le Cemagref pour tester alors divers procédés de déclenchement artificiel des avalanches puis aménagé pour mieux appréhender la dynamique de celles-ci et plus récemment leur impact sur des ouvrages.

Aujourd’hui, 3 couloirs peuvent être déclenchés artificiellement (gazex, avalhex ou explosif selon le cas) sur les faces E et NE de la montagne de Chaillol, les points fixes de mesures se trouvant à l’amont immédiat de la route du Galibier à proximité d’un local spécialement protégé et destiné à l’accueil des opérateurs et de la centrale d’acquisition des données. Un couloir est équipé d’un tripode muni de capteurs à diverses hauteurs permettant la mesure de la vitesse et de la pression au sein de l’avalanche, un autre d’une poutre équipée d’une plaque de 1m2 avec des capteurs mesurant notamment déformation et accélération (permettant par une analyse inverse de connaître la pression d’impact). ; par ailleurs, est réalisée depuis l’aval la prise de photographies permettant d’apprécier la dynamique de l’avalanche (vitesse grâce à des repères fixes matérialisés sur le site, reprise de neige, développement dans l’espace, etc.).

La réalisation de telles mesures impliquent évidemment des contraintes fortes en matière de sécurité (PIDA avec arrêt de la circulation sur la route du col du Lautaret, contrôle des skieurs de randonnée, mise en place de vigies pour la sécurité des opérateurs lors dû réglage et de la vérification des points de mesure, etc.).

Les conditions météorologiques favorables à des déclenchements significatifs (hors week-end, compte tenu de l’impossibilité de fermer alors la route du col) sont de fait limités, ce qui explique le faible nombre de tirs annuels exploitables (de l’unité à quelques unités, les bonnes années !).

Lors de la séance de conclusion, il est ressorti tout l’intérêt de poursuivre ces travaux basés sur des données expérimentales certes concordantes mais encore trop limitées (compte tenu du faible nombre de mesures possibles annuellement sur un site et aussi de la diversité tant du matériau neige et donc des avalanches que de la réponse des obstacles en fonction de leur propre structure). Ce point de vue est partagé par les collègues suisses du SLF-Davos qui souhaitent étendre activement leur collaboration sur ce thème ; par ailleurs, les programmes INTERREG en cours devraient permettre l’équipement de sites d’études complémentaires (Taconnaz en France ; des perspectives, semble-t-il, également en Italie).

La réussite d’un tel projet à caractère fortement multidisciplinaire suppose – comme l’a montré OPALE – la présence à la fois d’un référent animateur, responsable du bon déroulement du projet, et d’une communauté de chercheurs ayant la volonté de partager et de travailler ensemble. Sur ce modèle, une nouvelle équipe est à monter pour définir le contenu d’un projet nouveau et complémentaire sur ce thème mal connu des interactions entre phénomènes et ouvrages pour répondre aux besoins clairement exprimés par les maîtres d’ouvrages, services opérationnels et constructeurs.



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