Mémoire & retour d’expérience | Mouvement de terrain
Dans la nuit du 15 au 16 avril 1970, à minuit et demie, près de 50 000 m² de terre se sont détachés d’un pan de montagne en amont du sanatorium pour enfants du Roc des Fiz, sur la commune de Passy. L’aile occidentale du bâtiment a été en partie détruite par la coulée, qui avait surpris dans leur sommeil résidants et personnels du centre.
Si quelques occupants avaient eu le temps de fuir, la majorité d’entre eux a été prise au piège. Il a fallut quatre jours et trois nuits aux 500 secouristes pour déblayer les décombres, à l’aide de pelleteuses, bulldozers, pelles et pioches. La population locale en émoi a également participé à la recherche de survivants. Mais seulement 7 personnes ont été retrouvées en vie. On compta parmi les victimes 56 enfants et 15 membres du personnel.
A l’origine du drame, l’importante infiltration des eaux dans la montagne, jusqu’à saturation du sol. Les argiles en place s’étaient transformées en une masse boueuse sur laquelle la couche superficielle s’était mise à glisser imperceptiblement, jusqu’à la brusque accélération du 16 avril.
Les témoignages de l’époque relatent la formation d’une coulée derrière le sanatorium le 5 avril précédent, responsable de la fissuration de plusieurs murs et qui aurait dû mettre en alerte le responsable du centre. Il s’agissait en réalité d’une avalanche de fond, sans rapport avec le grand glissement survenu quelques jours plus tard, si ce n’est que l’absence de végétation – arrachée par la neige – a facilité l’infiltration des eaux dans le sol.
La catastrophe du plateau d’Assy s’est produite alors que l’opinion publique était encore sous le choc du drame de Val d’Isère : deux mois plus tôt (le 10 février 1970), 39 personnes avaient perdu la vie dans une avalanche qui avait heurté un centre UCPA.
Avec ces événements meurtriers, les risques naturels sont devenus une préoccupation publique. L’Etat a commencé à développer de nouvelles structures de recherche et de nouveaux outils pour permettre la prise en compte des aléas dans l’aménagement du territoire.
C’est dans ce contexte qu’a été créée l’Association Nationale pour l’Etude de la Neige et des Avalanches (ANENA), ainsi que les Cartes de Localisation Probable des Avalanches (CLPA), les cartes des Zones Exposées aux Risques de MOuvements des Sols (ZERMOS), puis les Plans d’Exposition aux Risques (PER) auxquels se sont substitués, en 1995, les Plans de Prévention des Risques Naturels prévisibles (PPRN).
La tempête Xynthia qui a récemment causé de lourds dégâts dans l’ouest de la France est toutefois venue nous rappeler que des efforts restent à faire dans la mise en application des mesures de prévention des risques.
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