Politiques publiques | Crue / Inondation
Dans un rapport rendu public le 14 avril dernier, et publié sur son site Internet, le Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD) pointe une mauvaise gestion des catastrophes par ruissellement urbain et formule des propositions pour améliorer la situation.
"Le directeur en charge des inondations et la directrice en charge de la recherche au sein du ministère ont confié une mission d'expertise au CGEDD concernant le ruissellement urbain.
Le ruissellement urbain se manifeste lorsque le réseau d'évacuation pluvial est engorgé et que l'eau reflue dans les rues. Le courant emporte des véhicules et divers objets qui forment des embâcles. Les points bas sont submergés, l'eau boueuse envahit le rez-de-chaussée des bâtiments où elle provoque des dégâts et parfois des victimes.
Les reportages des médias montrent régulièrement des gens surpris par la soudaineté de l'événement dont ils ne soupçonnaient pas la possibilité dans leur quartier, disent qu'ils ont «tout perdu» et déplorent ne pas avoir été prévenus de l'imminence du danger. Pourtant dans plusieurs cas une alerte précoce aurait permis d'éviter une partie des pertes.
Les rapports d'enquête commandés après ces épisodes indiquent en effet clairement que les phénomènes générateurs sont connus. Le cumul des pluies déjà tombées est désormais suivi en temps réel avec une précision acceptable en presque tous les points du territoire. Associé à ces données du passé récent, la quantité qui va tomber dans un avenir immédiat est prévue avec un degré de certitude et une localisation géographique suffisants pour savoir si un seuil critique risque d'être dépassé sur un petit bassin versant. Les retours d'expériences indiquent que le phénomène générateur a bien été détecté avant que le danger ne se manifeste mais qu'il n'existe pas d'obligation réglementaire de surveiller les paramètres relatifs à ces petits bassins et qu'aucune procédure n'est définie pour que les organismes disposant de la connaissance puissent initier une alerte en temps utile.
Si des progrès dans la détection et la prévision sont notables, la vigilance météorologique n'est pas à l'échelle spatio-temporelle du ruissellement urbain. Quant aux services de prévision de crues, ils n'ont ni la mission réglementaire, ni les moyens, ni l'organisation pour élaborer le type d'information utile et lancer à temps les avertissements qui conviendraient. Des grandes agglomérations investissent pour se protéger contre les effets du ruissellement urbain. Ces protections ont souvent une efficacité limitée aux phénomènes les plus fréquents mais conduisent parfois ces collectivités, se sentant à l'abri, à négliger la mise en oeuvre de dispositifs d'alerte et d'évacuation en cas d'événement exceptionnel.
Les dispositifs locaux mis en place par des collectivités, parfois avec les conseils de services de l'État, sont très limités et trop partiels s'ils sont utilisés seuls. Associés à l'exploitation des radars hydrométéorologiques par du personnel spécialement formé, ils ne se justifient économiquement que dans quelques grandes agglomérations, le plus souvent adossés à la gestion de l'assainissement. Quelques villes, sensibilisées par des épreuves vécues dans un passé récent, recourent à des prestations d'organismes d'avertissement et d'assistance à la mise en oeuvre de leur plan de sauvegarde. Rares sont celles qui disposent en régie de leur propre unité de prévision et d'alerte.
Les moyens lourds et l'organisation pour la détection et la prévision sont pour l'essentiel à Météo-France. Nécessaires à plusieurs activités économiques et à la sécurité, bénéficiant de ce fait d'une exploitation permanente répartie sur tout le territoire, ils restent sous utilisés pour prévenir les collectivités de l'imminence de pluies intenses.
La mission fait neuf recommandations valables pour l'ensemble des inondations soudaines provoquées par des pluies intenses localisées :
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