Dans la nuit de vendredi à samedi, l’Ain, la Haute-Savoie, l’Isère et la Savoie ont été marqués par de fortes précipitations. En de nombreux endroits de Haute-Savoie, département le plus touché, il est tombé, vendredi, presqu’autant de pluie en 24 heures qu’en un mois.
Selon un prévisionniste chez MétéoNews, « il y a eu concordance de temps avec l’arrivée d’un air très doux, qui a fait fondre la neige au-dessous de 2 500 mètres. Les jours derniers, nous avons subi l’arrivée d’un courant d’ouest chargé d’un air doux et humide. Il s’est produit un phénomène somme tout classique : les Alpes ont fait barrage à cette masse, qui a stationné sur les massifs et est revenue en boucle un peu comme un tapis roulant. Il est toujours bien de rappeler une évidence : c’est le relief qui provoque les précipitations.»
Dans ces départements, placés en vigilance orange « pluie-inondations », de nombreux cours d’eau sont sortis de leurs lits.
A noter qu’il n’y a heureusement pas de victime mais les dégâts sont très importants.
Les pluies et la fonte des neiges ont gonflé la rivière. Évacuation de campements sauvages, voies sur berges fermées : l’Isère à Grenoble a dépassé le niveau des crues de 2010, 2008, 2001 et même 1968 : 960 m³ par seconde au centre-ville de Grenoble et 3,40 m de hauteur sur l’échelle.
Les services de la préfecture ont mis en place une cellule de veille et restaient très attentifs, d’autant qu’une nouvelle crue était redoutée ce dimanche.
Les pluies abondantes et la montée des eaux ont occasionné des dégâts sur certaines routes. Mais au-delà des dégâts occasionnés par la montée des eaux, plusieurs routes ont été coupées à la suite d’éboulements, de coulées de boue ou d’affaissements (A Mizoën, la chaussée s’est effondrée).
Outre les fermetures de routes (la crue de l’Isère a notamment causé la fermeture partielle de l’A43), la société Intracom, installée à La Tronche et spécialisée en intégration en équipements audiovisuels, a été inondée. Les huit employés de la société devraient se retrouver au chômage technique.
Les crues violentes du week-end ont laissé des traces spectaculaires, d’un bout à l’autre du département. Dans les Aravis, «On a dépassé l’intensité de la crue de 2004 » indique Pierre Bibollet, maire de Thônes. Il faudra du temps pour effacer les stigmates de ces crues, parfois records, qui ont charrié boue, arbres et pierres, ravageant souvent tout sur leur passage. Mais dès dimanche, la mobilisation était forte pour réparer les dégâts et venir en aide aux sinistrés.
Le village de Saint-Gingolph : samedi vers 2h50, la rivière La Morge, alimentée par la fonte des neiges et les fortes pluies, a débordé et charrié des tonnes de matériaux qui ont parfois fini dans des commerces. Une vingtaine de personnes, essentiellement des personnes âgées ont été évacuées. La plus grosse crue jamais vue : « En juin 1995, un bout de quai sur le lac avait été emporté et en 2007, les eaux avaient débordé sur le haut de Saint-Gingolph… Mais, à côté de ce qui s’est passé samedi, ce n’est rien…»
Quelques points positifs sont soulignés :
- L’évacuation a été réalisée en moins d’une demi-heure en dépit de certains réfractaires qui refusaient d’évacuer.
- Selon le député Martial Saddier, les travaux effectués pour aménager l’Arve dans le cadre du SM3A, ont permis d’éviter le pire. « C’est une crue centennale. Dans la nuit, nous avons atteint 900 mètres cubes d’eau par seconde à Genève. C’est cent de plus que la grande crue de 1968 et c’est le chiffre le plus élevé qu’on ait jamais enregistré », précise-t-il.
Les digues de l’Arve et du Foron on cédé : l’eau a envahi les serres d’un producteur horticole alors que c’est la pleine saison pour les plantations. Une catastrophe économique pour cette entreprise.
Mieussy : les intempéries ont engendré un glissement de terrain, qui a entièrement détruit un chalet. L’occupant des lieux, indemne, a trouvé refuge chez des amis
Châtel : samedi soir, une poche d’eau et de terre de 30 mètres de large sur 10 mètres de hauteur et représentant environ 300 m3 a cédé à proximité d’habitations de résidents. Sept familles ont dû être relogées.
Le hameau de Jutteninges-Le-Petit, à Taninges : les pompiers ont évacué des habitants avec des échelles, par leur balcon. « On voyait des arbres et des pierres descendre en se demandant d’où tout cela pouvait venir. C’était inimaginable, pire qu’en 1990. Tout a été saccagé ».
La ligne SNCF Aix-Annecy est coupée pour une semaine : 10 m³ de terre et de branches sont tombés sur la voie et 100 autres m³ menacent de tomber. Des bus ont pris le relais des trains.
La route des gorges de l’Arly restera coupée plusieurs mois après que 400 mètres de bitume ont été emportés par la rivière. La rivière a failli emporter un couple dans son 4x4.
Notre-Dame-des-Millières : des digues ont cédé, 7 maisons ont été touchées, une personne a dû être relogée après qu’un ruisseau en crue a envahi des maisons et la fromagerie, dans la nuit entre vendredi et samedi.
- La maire de Megève a déclenché son Plan communal de sauvegarde, vendredi, vers 22h30, suite aux conséquences des intempéries.
- St-Pierre d’Albigny (73) : l’Isère, gonflée par les pluies, a provoqué, par infiltrations ou débordements, des inondations, notamment dans la plaine sous le hameau de Pau. Les voies publiques des zones concernées ont été rapidement fermées. La municipalité avait prévu l’ouverture d’une salle du gymnase pour accueillir éventuellement une dizaine de résidents du camping et de la zone industrielle.
- La ville de Genève a subi une crue record depuis 1935. Elle a nécessité la fermeture de plusieurs ponts et du quai Ernest-Ansermet, provoquant quelques perturbations de circulation. La ligne de chemin de fer Lausanne-Berne a été interrompue dimanche après-midi par un éboulement.
Sources : Le Dauphiné Libéré, France 3 Alpes et Rhône-Alpes
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