Initiatives locales & bonnes pratiques | Crue / Inondation
La méconnaissance des grands principes de fonctionnement des cours d’eau conduit très souvent à des malentendus et des incompréhensions majeures dans le domaine de l’eau.
C’est un sujet vaste et complexe qui appelle à un minimum de connaissances pour décrypter l’actualité et les différents évènements « d’ordre hydraulique » pour se forger un avis rationnel sur des questions d’inondations, de risques, de raréfaction de la ressource, d’érosion de la biodiversité...etc.
La maquette hydraulique présentée dans cet article, d’une dimension de plus de 4.8 m de long pour une largeur maximale de 2.40 m, apparaît comme un outil d’appui novateur à des séances d’éducation à l’environnement. Elle permet de comprendre l’origine, le fonctionnement et l’évolution des hydrosystèmes pour ensuite cerner l’impact des activités humaines sur les équilibres hydromorphologiques.
Technicien à la Fédération de Haute Saône pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique, j’ai imaginé cet outil (idée et prototype) et M. Thomas Chatain, artisan maquettiste à Cazilhac dans l'Hérault (Ei-Test), l’a construite pour un coût de 25 000 € (financement de l’Agence de l’eau RMC, la Région BFC, la FNPF). Je pense que « l’eau » est un domaine complexe qui reste marqué par d’innombrables malentendus, des « idées reçues » qui empêchent tout un chacun de percevoir les mécanismes naturels et les réels effets de causalité qui expliquent des phénomènes de plus en plus extrêmes que subit l’homme de nos jours. Informer, éduquer restent des actions essentielles pour faire prendre conscience des risques et des réponses à apporter. Quand bien même la maquette et ses animations sont destinées au grand public (élus, citoyens, collaborateurs…) la Fédération de Pêche de Haute Saône n’exclue pas bien entendu des animations à destination des différents cycles scolaires.
L’animation débute sur la base d’une « maquette vierge », sans activité humaine, environ 10 000 ans avant notre ère lorsque les glaciers fondaient et reculaient dans les grands massifs montagneux européens libérant ainsi d’importantes quantités d’eaux et de cailloux en direction du lit des cours d’eau.
La maquette est munie de variateurs de débits et d’une charge réelle de sédiments qui permettent de reproduire des phénomènes de crues, de production primaire, de transport solide, d’érosion, de sédimentation, en fonction des différents débits et de la pente. Ce que les hydromorphologues appellent habituellement les « variables de contrôles ». Il s’agit ensuite d’aborder des « variables de réponse » telles que la sinuosité, la connectivité, la taille des cailloux, résultantes des « variables de contrôle » qui caractérisent les différents profils hydromorphologiques des cours d’eau.
Un atelier « biodiversité » enrichi la séance en exposant les niveaux typologiques (Verneaux J 1973) des rivières et les peuplements piscicoles associés.
Progressivement, par un jeu d’ateliers en interactions, l’animation conduit peu à peu à modifier des compartiments de la maquette en reproduisant certaines activités humaines (curage, rescindement de méandres, construction en zone inondables, amputation du lit majeur, artificialisation, barrages…) ce qui permet d’observer des impacts et des effets de causalité qui confirment de nos jours l’origine anthropique des déséquilibres hydromorphologiques majeurs.
L’approche permet de cerner le fonctionnement naturel et nécessaire du lit majeur des cours d’eau. En conséquence, il s’agit de faire comprendre des effets de causalité entre des débordements naturels et des inondations qui préoccupent l’homme.
Crédits Photos : Benoît DUMAIN - Fédération de Haute Saône pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique
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