Mémoire & retour d’expérience | Crue / Inondation
Les crues torrentielles qui ont touché le massif de Belledonne les 22 et 23 août dernier ont été particulièrement dévastatrices, notamment à Domène où la digue du Doménon à cédé sur plusieurs mètres laissant s’échapper le flot du torrent sur le quartier de la Cheneviéres envahi par l’eau, la boue et les cailloux sur plus d’un mètre cinquante de hauteur par endroit.
Environ 70 habitations ont été gravement touchées et 200 personnes ont dû être relogées. Partout ailleurs les constats étaient a peu près les mêmes : les torrents, gonflés par les pluies continues des trois derniers jours (il a plu sans discontinué dans Belledonne selon les habitants depuis le vendredi 19 au soir), ont très fortement érodés leurs berges détruisant et engravant par la même les routes qui les longeaient et les terrains alentours. En zone naturelle, ils ont élargi leur lit et dans les zones endiguées ils ont soit débordé après la constitution d’embâcle (bouchon), soit déstabilisés les ouvrages allant parfois jusqu’à la rupture.
Si les dégâts ont été considérables, il n’en reste pas moins que ces phénomènes restent malheureusement « classiques » pour des torrents de montagne, tels que le Domeynon, le torrent de la Combe ou encore le Breda. Ils collectent en effet les eaux de vastes bassins versant culminant entre 2500 et presque 3000 mètres d’altitude, présentent une pente forte dans leur chenal d’écoulement qui permet des vitesses d’écoulement et un transport solide importants. Les matériaux arrachés aux berges lors de la crue (arbres, bois morts, cailloux et galets parfois très gros) et transportés par le torrent favorisent la constitution d’embâcles lorsque le lit du torrent se resserre ou lors de traversées d’ouvrages sous-dimensionnés (ponts, buses…). Des débordements du cours d’eau se produisent alors jusqu’à ce que le barrage créé ou qu’une digue cède comme cela s’est produit à Domène.
Les rapports de Météo France que nous n’avons pas encore pu consulter nous permettront sûrement de savoir si le cumul des pluies des trois derniers jours précédant la crue présentait ou non un caractère exceptionnel. Il semble en effet que ces crues torrentielles n’ont pas eu pour cause des orages très violents et très localisés comme en Valdaine en juin 2002 mais plutôt des pluies continues sur plusieurs jours qui ont touché l’ensemble du massif. Nous nous sommes rendu mardi 23 et mercredi 24 août dans la plupart des communes sinistrées. Les dégâts observés, illustrés par 350 photographies que nous mettons en ligne petit à petit, nous permettrons par la suite d’entretenir la mémoire des habitants et des élus sur le sujet.
Les crues font partie de la vie d’un torrent et nous avons parfois trop souvent tendance à l’oublier. Les archives nous le prouvent et tous les torrents en crue le 22 août dernier avaient déjà causé des dégâts importants dans le passé. C’est pour cette raison qu’il est nécessaire de ne pas l’oublier et de s’y préparer.
Les torrents pour lesquels un reportage photographique sera bientôt disponible sont les suivants :
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