Mémoire & retour d’expérience | Crue / Inondation
"Du jamais vu depuis une cinquantaine d'années. En 24 heures, il est tombé 350 mm d'eau", "Toute une région en état de choc", "Var : la désolation"... rien n'est trop fort pour exprimer l'intensité de l'événement qui a frappé et endeuillé le Var les 15 et 16 juin 2010. Ces averses qui ont occasionné plus d'un milliard d'euros de dégâts, sont qualifiées par les rédacteurs de ce rapport, de "paroxystiques, d'un type commun à tout l'espace méditerranéen, constituant un phénomène rare par son intensité mais pas exceptionnel".
L'inondation catastrophique du 6 juillet 1827 était sortie de toutes les mémoires !
Or, le rapport souligne qu'il est indispensable de conserver une mémoire de ces catastrophes passées, de mieux les connaître et d'en faire part.
Coïncidence malheureuse, trois mois après la tempête qui a frappé la façade Atlantique le 28 février 2010, les intempéries du Var viennent confirmer le constat du Sénat dans le pré-rapport de sa mission d'information : "la France demeure peu sensible à des risques qui se reproduisent régulièrement" sur son territoire. "L'urbanisation excessive dans des zones sensibles, la déficience des digues et de leur gouvernance, la complexité des dispositifs d'alerte et de prévision sont des questions débattues depuis des années, mais dont les réponses, souvent quasi-unanimes, restent lettre morte"...
Les points noirs
Concernant "la cause directe de la tragédie humaine", elle serait due "à la présence de nombreuses personnes hors de leur domicile, effectuant [...] leurs trajets quotidiens au moment de la montée très soudaine et rapide des eaux".
Le rapport note un décalage entre l’effectivité de la transmission de l’alerte aux maires et la perception de cette alerte. Ce décalage est lié, du côté de l’émission des messages, aux limites techniques des outils de prévision ; du côté de leur réception, à une culture du risque encore insuffisante, et concentrée sur le risque des feux de forêt.
La mission met aussi l'accent sur "les déficiences de la connaissance et de l'organisation du bassin versant concerné par la catastrophe".
L’organisation des secours a été affectée par la perte des réseaux de téléphonie fixe et mobile, ainsi que par l’inondation de points névralgiques du dispositif public de secours : SDIS, centre de secours principal de Draguignan. Toutefois, la gestion de la crise a "permis de sauver 2 450 personnes dont 1 100 sauvetages au sol et 1 350 sauvetages aériens, 300 personnes ayant évité une mort certaine".
La mission souligne également "l'effort particulier de préparation à la crise" de la préfecture du Var, à la suite de la tempête Xynthia en février 2010.
L'importance de la prévention et de la culture du risque
Les auteurs (l'inspecteur général de l'administration Michel Rouzeau et les ingénieurs généraux des ponts, des eaux et des forêts Xavier Martin et Jean-Claude Pauc) insistent sur la nécessité de prendre en compte, dans les documents d'urbanisme, les plans de prévention des risques d'inondations (PPR) et les plans communaux de sauvegarde (PCS).
Il faut que les risques soient connus de toute la population et qu'elle sache gérer les situations critiques. Cela suppose une information régulière et adaptée aux diverses populations, en diverses saisons, en diverses langues, comportant quelques recommandations essentielles.
Dans sa conclusion, la mission préconise la mise en place d'une gouvernance unique en matière d'eau autour d'une collectivité territoriale, "dotée de la compétence et des moyens nécessaires pour assurer la coordination des études et des travaux à entreprendre." Elle suggère également fortement de lier les futures participations financières de l’Etat, comme de ses établissements publics, à la mise en place d’une telle gouvernance dans le bassin versant, dont elle a évoqué les contours.
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