Mes travaux de recherche se focalisent sur la préparation aux risques naturels. Pour prévenir ou gérer les risques naturels, des programmes de politique publique sont mis en place. Ils ont pour objectif principal la gestion des risques en tant que telle ainsi que la sensibilisation du public à cette question. Le succès de ces programmes dépend i) de la compréhension du processus décisionnel par la population, ii) de l'actualisation de ce processus décisionnel sous forme d'actions concrètes. Mon travail vise à améliorer la préparation et la prise de décision des citoyens grâce aux émotions.
Dans certaines conditions d'incertitude, par exemple lorsqu'une personne est confrontée à des informations critiques liées à son environnement direct, la prise de décision peut être difficile [1]. Il peut en résulter des divergences entre les modèles théoriques de comportement et les comportements réels des personnes. Les autorités doivent cependant comprendre les réactions comportementales des citoyens et la mesure dans laquelle ils suivent les recommandations. D’autre part, la création d'une chaîne d'information dans une gouvernance intégrée de la gestion des risques nécessite l'utilisation de nouvelles technologies, à la fois pour collecter les informations et pour les consolider, les intégrer et les diffuser. Dans cette perspective, de nombreux utilisateurs, ayant des comportements, des caractéristiques et des compétences différentes, devront utiliser ces outils.
Dans ce doctorat, j’étudie la préparation des personnes aux risques naturels par le biais des jeux. Mon approche est basée sur les émotions qui sont des réactions aux événements et peuvent avoir un impact sur les décisions des utilisateurs pour choisir un produit individuel ou une caractéristique spécifique. À cet égard, ce doctorat se concentre sur deux problèmes interdépendants.
En termes de marketing, les questions abordées sont les suivantes :
En termes d'interaction homme-machine, je suis particulièrement intéressée par deux questions soulevées par Christian Martin et al. [2] et que nous aborderons dans le cadre des jeux sérieux pour la préparation aux catastrophes naturelles :
Je soutiens que les émotions peuvent fournir un retour d'information pertinent pour adapter les interfaces utilisateurs mais aussi pour améliorer l'expérience de jeu en phase de prévention du risque naturel. Les expressions faciales présentées par les visages non seulement démontrent des émotions mais sont également une composante communicative. Le visage joue un rôle important dans le processus de communication. Un sourire peut exprimer le bonheur ou être une salutation polie. Certaines expressions faciales sont liées à la structure syntaxique de l'énoncé : les sourcils peuvent se lever sur un accent et sur des questions non marquées de façon syntaxique.
Les mouvements du regard et de la tête font également partie du processus de communication. Dans ce domaine et afin d'approfondir mes problématiques de recherche, j’étudie plus spécifiquement les points suivants :
Un prototype est actuellement développé pour montrer la faisabilité et l'intérêt de l'approche. L'objectif est de modéliser ces caractéristiques personnelles spécifiques et d'adapter l'interaction pour améliorer l'expérience de jeu des utilisateurs et la préparation aux risques.
En ce qui concerne les interfaces homme-machine, le but de la recherche est d'améliorer l'expérience de l'utilisateur grâce à un retour d'information implicite de l'utilisateur (c'est-à-dire ses émotions). Du point de vue du marketing, lorsque les gens prédisent leurs émotions à propos d'un événement, trois cas potentiels peuvent se présenter : sous-estimation, surestimation ou estimation précise [5]. Cette théorie est appelée "Affective Forecasting" (prévision affective) [4]. Elle a conçu trois études expérimentales qui placent les personnes interrogées dans une situation de prévision de leurs réactions émotionnelles à un danger potentiel (les prévisionnistes) ou de simulation d'une catastrophe sur la base de stimuli visuels (les expérimentateurs). Les résultats montrent que, lorsque les participants imaginent une catastrophe potentielle, les prévisionnistes ressentent des émotions négatives plus intensément que les expérimentateurs. Lors d’une expérimentation, j’ai pu montrer notamment que les émotions négatives atténuent l'effet de l'erreur de l’"Affective Forecasting" sur l'état de préparation des personnes et que les niveaux de leur Locus of Control interne modèrent cet effet indirect. Le Locus of Control interne est défini comme le fait que les gens croient avoir le pouvoir sur l'issue de leurs événements de vie.
[1] Lei Zhou, Xianhua Wu, Zeshui Xu, and Hamido Fujita. Emergency decision making fornatural disasters: An overview.International Journal of Disaster Risk Reduction, 27:567 –576, 201
[2] Christian Martin, Christian Herdin, and Jurgen Engel. Model-based user-interface adaptation by exploiting situations, emotions and software patterns. International Conference on Computer-Human Interaction Research and Applications, 2017.
[3] Chris Frith. Role of facial expressions in social interactions. Philosophical Transactions of the Royal Society B: Biological Sciences, 364(1535):3453–3458, 2009.
[4] Timothy D Wilson and Daniel T Gilbert. AFFECTIVE FORECASTING. 35:345–411, 2003
[5] Eva Buechel, Carey Morewedge, and Jiao Zhang. Impact bias or underestimation? Outcomespecifications determine the direction of affective forecasting errors.Advances in ConsumerResearch, 44(5):400–403, 2016.
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