"La ville où Mehmet Gül a vu le jour il y a cinquante-huit ans et où il a vécu pratiquement toute sa vie n’est plus qu’un lointain souvenir. Et le quartier où il a grandi, comme tous les autres alentour, un immense champ de ruines. Depuis sa petite cour ombragée, devant sa maison éventrée, Antakya offre un sidérant spectacle de chaos et de désolation. « Plus de six mois après le séisme, la situation est toujours aussi désastreuse. Pire, personne ne sait où nous allons », souffle Mehmet. Jusqu’au tremblement de terre du 6 février et ses innombrables répliques, la ville comptait 400 000 habitants, plus de 1,7 million avec ses environs. Capitale administrative de la province du Hatay, dans le sud de la Turquie, l’antique Antioche, autrefois la troisième plus grande ville au monde, est aujourd’hui quasi déserte, effondrée sur elle-même, comme pulvérisée.L’air est saturé de bruit et de poussière, le produit de l’incessant chassé-croisé des grues mobiles et des camions chargés à ras bord de ferraille et de détritus. "
"Avant le désastre, le ministère turc de la Culture avait classé 719 bâtiments. Gokhan Ergin signale les plus vieilles bâtisses qui ont bien mieux résisté aux secousses successives de février: parce que les madriers et le bois insérés entre les structures de briques en terre, pour l'élasticité, ont permis d'encaisser le choc, explique-t-il. Celles qui ont été endommagées ont souvent été victimes de l'effondrement de leurs voisines, mal restaurées, assure-t-il. Pour Umut Almaç, professeur d'architecture du département de restauration, au moins huit cents bâtiments supplémentaires auraient mérité d'être protégés. "C'est le problème de la région, il y a tellement de bâtiments qui devraient être enregistrés", lâche-t-il. Devant un ancien hôtel de luxe, aux murs de vulgaires parpaings effondrés, l'expert peste aussi contre "les restaurations plastiques" pratiquées il y a dix, vingt ans pour séduire les touristes. "On s'est concentré sur la façade, sans respecter les structures intérieures du bâtiments"."
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