18 documents trouvés / 2 page(s)
"Au pied du glacier des Bossons à Chamonix, un lac se forme depuis 2018, en raison du réchauffement climatique. "Actuellement, le lac fait environ 12 000 mètres cubes. Ce qui n'est pas un volume considérable. Mais chaque fois que sa superficie augmente d'un mètre carré, son volume grossit de sept mètres cube", précise l'élu. À ce rythme, les experts du Comité de pilotage qui surveille l'évolution du phénomène, tablent sur un lac qui pourrait atteindre les "30 000 mètres cubes", si on le laisse grossir jusqu'à sa vidange naturelle, prévue pour la fin 2024. "L'objectif des travaux qui vont être engagés l'été prochain, c'est justement de trouver une solution pour faire se déverser l'eau par un chenal creusé dans la glace avant que le lac n'atteigne ce volume maximum". Sans un chenal sous glace, le volume du lac ne pourrait être retenu et une surverse pourrait survenir."
"Des enquêtes ont été menées auprès des acteurs locaux sur trois territoires de montagne impactés par la dégradation du permafrost : la vallée de Chamonix-Mont Blanc en Haute-Savoie, la Haute-Maurienne en Savoie et le canton du Valais en Suisse. Ils se sont exprimés sur leur connaissance et leur perception du permafrost et des risques liés à sa dégradation, de manière d’abord spontanée puis après avoir été confrontés par les enquêteurs à des cas réels de gravité croissante : écroulement de la Meije, déstabilisation de la télécabine de Bochard aux Grands-Montet, écroulement et lave torrentielle de Bondo. La restitution du projet Riskfrost, organisée avec le soutien du PARN sur les territoires d’étude, s’est tenue en 2 temps, respectivement sur les 2 collectivités françaises enquêtées. Ces temps de porté-à-connaissance et d’échange ont permis d’une part de contribuer à la sensibilisation aux risques, en améliorant la connaissance des participants concernant les risques liés à la dégradation du permafrost et en les faisant dialoguer sur la diversité des points de vue, et d’autre part de recueillir des données de recherche-action pour poursuivre les travaux académiques en cours."
A Chamonix, Xavier Cailhol, aspirant guide, a découvert, en mars dernier, une immense crevasse apparue au sommet du mont Blanc. "C'est une crevasse qui s'est ouverte le long de l'arête des Bosses, sur 150 mètres de long. En fait, c'est une série de crevasses. La principale fait 16 mètres de large, un pan entier s'est détaché, jusqu'au rocher. Elle s'est creusée a priori dans cet hiver 2021/2022, il n'y a aucun signe visible avant". Il a échangé avec des anciens, guides eux aussi qui ont assuré "n'avoir jamais observé un tel phénomène à cet endroit, à ce moment de l'année" : "Cela veut dire que cela a été très rapide, qu'il ne s'agit pas d'un événement cyclique. Sinon cela se serait déjà produit avant, il est donc lié au dérèglement climatique", conclut-il."
"Sur place, je retrouve Xavier Bodin et Eric Larose, deux scientifiques qui se penchent sur cet étrange phénomène. L’un s’occupe de mesurer l’avancée du glacier de pierre avec des images, des bornes géodésiques et des satellites, et relie ces informations avec les données climatiques et météo. L’autre a installé un dispositif très pointu de sismographes permettant d’"écouter" le glacier vivre. Car le glacier rocheux nous parle, et nous raconte sa lente reptation, tel un monstre de pierre qu’on croirait endormi, mais qui bouge imperceptiblement (de l’ordre de quelques cm à quelques mètres par an...) et vit au rythme des saisons. L’ensemble de ces mesures, sismographiques ou photographiques permettent de mieux comprendre l’évolution du permafrost dans nos montagnes. Si les scientifiques cherchent à en savoir plus sur ce type de glaciers, c’est parce qu’ils sont nombreux dans les Alpes. En France, on en dénombre plus de 3000 rien que pour les départements alpins. Et l’évolution de certains d’entre eux constitue une menace, que ce soit quand des remontées mécaniques ont été construites dessus, ou lorsqu’une partie du glacier rocheux se déstabilise et produit des crues torrentielles ou des glissements de terrain qui endommagent les secteurs situés à l’aval. Ca n’est pas le cas de celui du Laurichard, paisible, et loin de toute zone habitée. "
"En montagne, les glaciers disparaissent et la neige est de moins en moins présente. Peu épais et peu étendu, le manteau neigeux se liquéfie précocement au printemps et apparaît plus tardivement en automne et en hiver. La diminution de masse glaciaire s’est fortement accélérée depuis le début du XXIe siècle : entre 2000 et 2004, les glaciers ont perdu annuellement 227 gigatonnes, et cette perte s’est élevée à 298 gigatonnes par an entre 2015 et 2019, montre cette étude. En conséquence, la période de croissance de la végétation – durant laquelle la température de l’air reste supérieure à 5 °C – augmente. Est-ce une bonne chose ? Non, comme on peut le comprendre dans la vidéo ci-dessous. Que sait la science du changement climatique en montagne et pourquoi y est-il plus fort qu’en plaine ? Le réchauffement dépend de l’altitude : cela a été vérifié à l’échelle mondiale et régionale. Ainsi, il se produit plus rapidement en altitude où son impact sera alors plus fortement ressenti."
Pour accèder à l'ensemble des archives de Risques Hebdo, connectez-vous ou inscrivez-vous :
Profitez de tout le contenu du site (actualités, photos, vidéos, dossiers, articles...) et rejoignez le réseau (accès à toutes nos publications, aux journées d'échanges, aux documents techniques et au forum...)
Pour renouveller votre abonnement c'est ici
Pour toute question : celine.lestievent@irma-grenoble.com